« Dans ces moments difficiles, nous devons être plus que jamais présents aux côtés des Argentins » a déclaré Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangère, lors de son séjour récent en Argentine, les 13 et 14 septembre, à l’occasion d’une des nombreuses réunions ministérielles organisées dans le cadre du G20, que préside cette année l’Argentine.
Le secrétaire d’Etat français, en charge du Commerce extérieur, a ainsi repris la position commune aux pays occidentaux, qui consiste à soutenir la stratégie d’ajustement économique concertée avec le FMI, dans un contexte de détérioration spectaculaire de la conjoncture : forte récession en 2018-2019, dévaluation du peso (53 % depuis le début de l’année), inflation galopante (plus de 40 % attendu cette année), baisse dramatique du pouvoir d’achat et regain d’agitation sociale, avec une grève nationale de grande ampleur prévue le 25 septembre.
Maintien du forum économique, malgré le report d’une mission
En dépit de ce panorama dissuasif, la France souhaite ne pas lâcher pied du point de vue économique et commercial, même si cela exige de s’adapter. Le Forum économique organisé par la Chambre de commerce et d’industrie franco-argentine (CCIFA) et l’Ambassade de France, initialement prévu le 25 septembre, a été reporté au 27. Les thèmes programmés sont : le climat de l’investissement et les opportunités d’affaires, les transports durables et l’énergie. La participation de plusieurs ministres et secrétaires d’Etat argentins est prévue.
Medef International a décidé de reporter la délégation d’entreprises, qui devait se rendre en Argentine entre le 24 et le 27 septembre. Cependant, une mission de sept chef d’entreprises, qui s’étaient déjà inscrits, se rendra sur place les 26 et 27 septembre et sera conduite par Jean-Paul Loubinoux, président du Conseil de chefs d’entreprise France-Argentine de Medef International et directeur général de l’Union internationale des chemins de fer (UIC), qui est un très bon connaisseur de l’Argentine. « Nous envisageons d’organiser ultérieurement une importante délégation d’entreprises en Argentine » affirme-t-on au siège de l’organisation.
Une visite d’E. Macron fin novembre
Fin novembre, Emmanuel Macron doit se rendre en Argentine pour le sommet des chefs d’Etat du G20 et une « séquence bilatérale » est prévue à cette occasion. Cet appui officiel est important car la crise, aussi dure soit-elle, n’a pas éliminé toutes les opportunités d’affaires.
Si la politique d’austérité a mis en veilleuse les projets publics d’infrastructures, l’appel d’offres pour la rénovation du métro de Buenos Aires suit son cours : Keolis et la RATP sont en concurrence avec une 3e proposition. L’appel d’offres pour la rénovation du matériel roulant de Buenos Aires et la banlieue est également en cours.
Le commerce courant subit le contrecoup de la crise mais n’est pas arrêté : les entreprises argentines qui disposent de trésoreries solides et de recettes en devises continuent à être de bons clients, d’autant que les outils de financement et de sécurisation des paiements (crédit documentaire par exemple) sont disponibles pour le commerce entre la France et l’Argentine. La dévaluation du peso et la stratégie du gouvernement donnent une impulsion nouvelle à plusieurs secteurs : agroalimentaire, hydrocarbures, énergies renouvelables (3e appel d’offres lancé en octobre) et mines, notamment le lithium (avec en particulier un projet d’Eramet).
Daniel Solano