L’Agence française de développement (AFD) demeure un organisme de développement, mais peut mieux faire et veut mieux faire en matière de soutien aux entreprises françaises, tel a été en substance le message délivré par deux de ses responsables, Delphine Falchier, coordinatrice Amérique latine et Caraïbe, et Pierre-Antoine Prinet, chargé des Grands comptes entreprises, lors de la 3e édition, le 12 octobre, de Bpifrance Inno Génération (BIG) à Paris.
Faire mieux paraît d’autant plus indispensable que, contrairement à l’Afrique où les subventions sont plus courantes, en Amérique latine, l’établissement financier intervient à des conditions de marché et donc dans des projets devant dégager une rentabilité. Ainsi, en moyenne, l’AFD délivre des prêts entre 10 et 30 millions d’euros, pendant que les montants pouvant être obtenus auprès de sa filiale pour le secteur privé, Proparco, varient entre 15 et 20 millions.
Informer en amont des appels d’offres
« Plus de 70 % du contrat doit être compatible avec l’environnement et le climat », précisait Delphine Falchier. Proparco, au demeurant, opère surtout dans les énergies renouvelables, outre la santé (hôpitaux, cliniques…), l’agrobusiness et l’éducation (universités privées…), « tout en apportant un plus par rapport aux banques locales ».
Les deux responsables ont cherché à démontrer l’intérêt de l’AFD et sa participation active à l’Équipe de France à l’export, composée notamment de Business France, Medef, des Services économiques et Bpifrance. Institution de développement, l’ex-Caisse de coopération ne peut pas financer directement les sociétés de l’Hexagone. Elle doit se conformer aux priorités, sectorielles notamment, affichées par l’État bénéficiaire, qui lance des appels d’offres internationaux. « Le mieux, c’est d’être en relation en amont des appels d’offres. Nous sommes aussi là pour vendre de la France, vendre les expertises de ses entreprises », a soutenu Delphine Falchier, selon laquelle, « en coordination avec les ambassades ou Business France, nous les mettons en relation avec nos clients, pouvoirs publics et entreprises ».
Des secteurs d’excellence sélectionnés
En Amérique latine, l’AFD a sélectionné des secteurs correspondant à l’excellence française. « Nous ne finançons pas seulement le matériel roulant d’Alstom ou les téléphériques de Poma, mais aussi des PME qui contribuent avec leurs produits aux téléphériques, et sommes en contact avec le Trésor, qui développe ses propres outils comme le fonds d’étude Fasep », insistait Delphine Falchier.
Parmi les domaines d’activité retenus, figurent la mobilité et l’aménagement urbains, les infrastructures, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, le soutien à des coopérations décentralisées, par exemple entre les Hauts de France et le Minas Gerais (Brésil) sur le thème de la reconversion des bassins miniers, l’eau et l’assainissement, la transition énergétique et le financement vert.
Présente dans onze pays d’Amérique latine depuis l’ouverture de son dernier bureau à Buenos Aires (Argentine) en septembre, l’Agence française cherche aussi à développer les cofinancements. Et ce, pour deux raisons : d’une part, pour appuyer des petits projets, qui ne seraient pas assez rémunérateurs pour la seule l’AFD, d’autre part, pour obtenir un effet de levier.
L’objectif est de parvenir à 50 % de cofinancement, en s’associant avec sa filiale Proparco, la Caisse andine d’investissement, la Banque inter-américaine de développement ou encore le réseau de banques de développement locales Alide. La volonté de l’AFD de coopérer avec les institutions financières de développement est une réalité, comme le montre la nomination toute récente de Rémi Rioux, le directeur général de l’agence, à la tête du club mondial des banques de développement IDFC (International Development Finance Club).
Un poste commun avec Business France au Mexique
Entre 2013 et 2016, 80 % des projets financés par l’AFD en Amérique latine auraient ainsi impliqués des sociétés françaises. Pour le salon Pollutec Brasil’2017 (4-7 avril), sur lequel Business France montait un Pavillon France, l’établissement financier a fourni une liste de ses partenaires avec des projets de financement, en l’occurrence les responsables des services techniques de plusieurs villes : Curitiba, Fortaleza, etc.
Au Mexique, un poste expérimental commun aux deux agences publiques a été créé dans le cadre d’une convention de partenariat bipartite conclue en 2015 pour aider les entreprises à dessiner leurs stratégies. « On porte aujourd’hui beaucoup d’attention à Business France, on communique auprès des entreprises et récolte des informations sur les technologies », assurait, de son côté, Pierre-Antoine Prinet, lors du BIG.
Preuve en est la manifestation organisée par l’AFD, avec Medef, Bpifrance et Business France, sur le thème : « Le numérique au service du développement : Quelles solutions françaises pour y répondre ? », le 6 novembre prochain (*) au siège de Business France. Des ateliers seront organisés sur l’e-santé, l’e-éducation, les greentech, les fintech et la gouvernance numérique.
À l’issue de sa présentation au BIG, Pierre-Antoine Prinet expliquait au Moci que « si des représentants de grands groupes seraient présents pour échanger, des dirigeants de petites entreprises et peut-être même aussi de startups seraient conviés, l’objectif étant pour l’Agence française de développement de présenter ses outils et son financement et de favoriser la mise en relation avec Bpifrance ». Ce sera donc l’union sacrée. Ce séminaire sur la stratégie numérique de l’AFD permettra ainsi de resserrer encore un peu plus les rangs pour faciliter la chasse en meute.
François Pargny
*Pour s’inscrire au séminaire « Stratégie numérique de l’AFD », cliquer ici. Pour plus d’informations, cliquer ici.
Pour prolonger :
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– Bpifrance / PME-ETI : Bpifrance Inno Génération invite les entreprises à se transformer
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