Le 27 février, François Burgaud et Michel Bisac, présidant respectivement l’Adepta (Association pour le développement des échanges internationaux de produits et techniques agroalimentaires) et la CCIAF (Chambre de commerce et d’industrie algéro-française), ont conclu un partenariat pendant le salon agroalimentaire Djazagro, à Alger.
Cet accord est intervenu quelques mois après un premier partenariat noué par la CCIAF, le 3 novembre 2018, avec une autre association d’industriels, French Healthcare, présidée par Jean-François Gendron, également à la tête de la CCI de Région des Pays de la Loire. Il s’agissait alors du domaine de la santé, mais l’objectif est le même : accompagner les entreprises de ces deux associations sur le marché algérien.
Moins de cinq mois après cette première signature, l’incertitude sur la situation politique qui règne en Algérie n’a pas permis aux différents partenaires de lancer des projets communs. Toutefois, lors des Rencontres de la santé auxquelles la CCIAF avait attirées 16 sociétés françaises de la filière, les 26 et 27 février à Constantine, French Healthcare était invité.
La politique de clusterisation de la CCIAF
Forte de ses 2 000 membres, dont 300 entreprises françaises, et opérant dans cinq régions d’Algérie – une proximité que ne peut offrir aucun organisme français-, la CCIAF n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. La politique de « clusterisation » qu’elle mène – après la santé et l’amont agricole, quel autre secteur, se demande-t-on ? – n’a pour l’instant pas associé Business France. Ce n’est pas tout à fait une surprise si elle a signé avec l’Adepta, dont les intérêts sont divergents avec l’agence publique.
Aujourd’hui, si les relations de la CCIAF avec le bureau de Business France en Algérie sont bonnes – ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé – elles sont plus compliquées avec la maison mère à Paris, dans le cadre du volet accompagnement à l’international de la nouvelle stratégie nationale en matière de commerce extérieur, largement nourri des propositions du directeur général de Business France, Christophe Lecourtier, autour du projet Team France Export, qui rapproche l’agence publique des réseaux consulaires.
Des propositions qui n’ont pas abouti
Dans le cadre de cette stratégie, l’agence publique française a notamment attribué, comme annoncé alors par Édouard Philippe, des délégations et des concessions de service public. Ces DSP et CSP ont profité aux seules Chambres de commerce et d’industrie françaises de huit pays étrangers : Japon, Hong Kong, Singapour, Philippines, Maroc, Norvège, Hongrie, Belgique.
Si l’Algérie n’était pas concernée, on aurait pu penser, à l’heure de la constitution de Team France Export dans les régions françaises, au moins à une entente. Des discussions ont eu lieu, d’après nos informations, mais on est encore loin d’une position commune. Les échanges auraient tourné grosso modo autour de l’amont et de l’aval de l’accompagnement : Business France aurait proposé de conserver l’amont et de réserver l’aval à la CCIAF. Mais cette répartition ne serait pas du goût de la CCIAF, qui considère que le nombre d’entreprises françaises désirant à s’implanter sur place est insuffisant pour générer une activité rentable. Du coup, la CCIAF aurait fait une contre-proposition : se répartir les secteurs, avec une alternance chaque année.
Cette offre de la dernière chance n’aurait pas reçu de réponse officielle de Business France. Aujourd’hui, la CCIAF continue donc à travailler seule, mettant en avant sa connaissance du terrain et ses tarifs présentés comme moins élevés que ceux de l’opérateur public français. A Alger, on pense que la balle est dans le camp de Business France… A suivre.
François Pargny