« Depuis que le ministère français de l’Agriculture, il y a deux ans, a retiré la Pologne des pays où il attribuait une délégation de service public, Sopexa Polska travaille à 90 % pour les autorités polonaises », expliquait, le 8 avril à Varsovie, son directeur, le Polonais Dariusz Kusnierz. Mais « nous n’avons pas eu le choix », confiait-il alors à la Lettre confidentielle.
Selon lui, « les enseignes étrangères de distribution, y compris françaises, proposent une offre locale à 90 % » et « les grands noms de l’industrie française, Bongrain, Lactalis, Danone ou Bonduelle n’importent que des produits de niche en Pologne. Il y sont implantés, y produisent et exportent de Pologne jusqu’en Russie ».
Quant aux autres sociétés agroalimentaires de l’Hexagone, « 70 à 80 % ont déjà testé le marché, abordé Sopexa », mais n’auraient pas toujours consenti les efforts nécessaires pour faire face à la concurrence locale et internationale. Une concurrence souvent plus compétitive en matière de prix et disposant d’une meilleure notoriété (jambon de Parme par rapport à jambon de Bayonne par exemple), en dehors des must français (champagne, cognac, calvados…).
L’agence de marketing alimentaire Sopexa Polska a ainsi prêté son savoir-faire à des missions d’entreprises de l’Agence polonaise d’information et d’investissement étranger (PAIiIZ) à Dubaï et Singapour. Le bureau de Varsovie de la Société pour l’expansion des ventesde produits agricoles et alimentaires (Sopexa) se trouve donc dans une situation pour le moins étrange, puisqu’il est censé favoriser les exportations françaises. D’ailleurs, ce sont la fédération (FNSEA) et les interprofessionsagricoles françaises (lait, fruits et légumes, vin…), les industriels (Ania) ou encore les coopératives de l’Hexagone qui composent son conseil d’Administration à Paris.
Aujourd’hui, Sopexa Poslka opère à 80 % pour l’Agence polonaise du Marché Agricole (ARR), qui a lancé une vaste campagne de communication et de sensibilisation du grand public et des professionnels polonaisau système européen des produits régionaux et traditionnels, divisé en appellation d’origine protégée (AOP), indication géographique protégée (IGP) et spécialité traditionnelle garantie (STG). « Ces labels de qualité ont été délivrés en Pologne à 36 produits : 9 AOP, 18 IGP et 9 STG », précise Dariusz Kusnierz. Sopexa Polska a conçu un plan de communication triennal alliant spots publicitaires, relations presse, formations, participation à des évènements ou animations sur les réseaux sociaux.
De notre envoyé spécial en Pologne
François Pargny