Hasard du calendrier, c’est à la veille du premier tour de l’élection présidentielle, le 20 avril, et à un mois de la tenue du Sial Shanghai, du 17 au 19 mai, que l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) a annoncé le lancement « d’un programme inédit d’accompagnement des industries alimentaires en Chine » et « la mise en place d’un Club export agroalimentaire avec Business France ». Si l’Ania, plus connue pour ses joutes avec la grande distribution, se mobilise ainsi pour l’export, c’est que la situation de cette filière traditionnellement excédentaire se détériore depuis plusieurs années.
Reprenant les chiffres du service statistique du ministre de l’Agriculture, l’association représentative de 17 650 entreprises note que le solde positif des échanges est tombé en février à « son plus bas niveau depuis 1994 (+ 321 millions d’euros), soit un recul de moitié par rapport à février 2016 ». En revanche, les exportations tricolores en Chine ont gagné 15 % en un an pour s’élever à 1,86 milliard d’euros en 2016, ce qui est de bonne augure avant l’installation du Pavillon France au Sial Shanghai. Ce dernier accueillera, sur une superficie de 374 m2, 44 entreprises de divers domaines : viande, huitres, beurre, biscuiterie, confiserie, plats préparés, cidre, épicerie salée, chocolat.
Le marché chinois est devenu un marché émergent majeur, puisqu’il absorbe 4,2 % des exportations agroalimentaires de l’Hexagone et un tiers de ses livraisons en Asie. Avec certains points forts comme les vins et spiritueux, les produits laitiers et la viande de boucherie.
Un accompagnement sur la Chine avec l’appui de Sopexa
« Le programme d’accompagnement sur deux ans, 2017-2018, d’un montant de 600 000 euros – que nous avions présenté à la Commission européenne, dans le cadre de son programme de promotion des produits alimentaires, il y a un an – bénéficie d’une subvention européenne, qui doit être complétée par des financements d’entreprises », explique au Moci Laura Marley, responsable Affaires publiques européennes à l’Ania.
C’est après avoir répondu à un appel d’offres européen que l’Ania a reçu une réponse positive en novembre 2016, son projet étant retenu parmi les 200 dossiers déposés à l’époque (projets 100 % national comme celui de l’Ania ou associant plusieurs organisations européennes, mais répondant aux critères européens de qualité et de développement durable). Représentant les industriels français, à travers 19 fédérations nationales sectorielles et 20 associations régionales, l’organisation faîtière a décidé de lancer cette initiative après que la Commission européenne ait décidé d’élargir son programme de promotion, surtout centré sur des produits non transformés, à plus de biens alimentaires (chocolat et bière par exemple).
Piloté par l’Ania, ce programme s’appuiera également sur les compétences de la société de communication et de marketing Sopexa et fera l’objet d’une évaluation du cabinet Occurrence.
Première action en juin avec l’accueil d’acheteurs chinois
Dans un communiqué de presse, en date du 3 mai, Sopexa confirme avoir remporté « le budget 2017-2018 de l’Ania pour la promotion des produits agroalimentaires français en Chine », précisant que « cofinancée par l’Union Européenne, la campagne a pour objectif de développer la part de marché et la notoriété de la France et de l’Europe sur ce marché gigantesque et d’offrir des opportunités commerciales nouvelles aux industriels français ».
Quatre types d’actions sont ainsi prévus chaque année : plusieurs participations à des salons complémentaires à ceux déjà inscrits au menu du programme France, une mission Food service, l’accueil d’une délégation d’acheteurs chinois dans l’Hexagone et des actions promotionnelles en magasins.
De façon concrète, décrit Laura Marley, « cette année, une mission d’acheteurs chinois se rendra en France pour des rencontres B to B fin juin. Ensuite, à la mi-août, à l’occasion des salons de la restauration hors domicile, Rescat (Shanghai International Restaurant & Catering Show) et CFIE (Shanghai International Condiments & Food Ingredients Exhibition), nous organiserons une mission Food service, comprenant rencontres B to B, présentations de produits ou cocktails. Du 30 août au 1er septembre, nous emmènerons également une délégation d’entreprises françaises participant au salon Anufood, proposé à Pékin par les organisateurs de l’Anuga de Cologne. Enfin, a priori en novembre, pour prolonger la mission d’acheteurs chinois en France, nous organiserons des semaines françaises dans la grande distribution en Chine ».
Un club Export commun avec Business France
Seconde initiative, le club export agroalimentaire. L’Ania disposait déjà d’une telle structure, sous l’égide de sa directrice Export et régions, Vanessa Quéré. « Mais cette fois, explique-t-elle au Moci, c’est avec Business France, et mon vis-à-vis est ainsi Christophe Monnier, son chef du département Agroalimentaire ». La dirigeante de l’Ania reconnaît que ce rapprochement aurait dû être effectué bien plus tôt, « mais c’était difficile tant que la situation n’était pas éclaircie entre Sopexa et Business France », plaide-t-elle.
Le nouveau club export va permettre ainsi de mutualiser l’information, d’ouvrir un groupe sur le réseau social LinkedIn réservé aux professionnels de l’agroalimentaire. « Certaines entreprises ont déjà adopté cette solution en ligne pour communiquer. C’est plus facile que d’organiser des réunions régulières, avec des responsables qui ne pas toujours disponibles parce qu’ils voyagent beaucoup », justifie Vanessa Quéré.
En outre, le duo de partenaires va pouvoir s’appuyer sur le réseau des 170 référents de l’Ania dans 80 pays, qui s’est constitué « un peu dans l’esprit des conseillers du commerce extérieur de la France », précise Vanessa Quéré, en octobre 2015 à l’occasion de l’adoption d’une charte de portage à l’international au sein de l’association professionnelle.
Pour présider le club, la directrice International d’Eclor (branche boisson de la coopérative Agrial), Catherine Chavrier, a été sollicitée. Un choix qui ne doit rien au hasard, puisque l’intéressée coordonne depuis trois ans la famille de produits prioritaire à l’export « mieux se nourrir ». « Nous avons donc à la fois une responsable un peu politique avec un réseau international important et une expertise reconnue », se félicite Vanessa Quéré. Catherine Chavrier sera appuyée par deux vice-présidents : Manou Massenez, à la tête de la maison d’eau de vie éponyme, et Nicolas Jauzion, directeur Grand export chez d’aucy. La première réunion se tiendra chez Business France, le 6 juin. Le thème : la… Chine !
François Pargny
Pour en savoir plus :
Programme d’accompagnement Chine : [email protected]
Club export : [email protected]
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