Pierre Gattaz « l’Africain », comme l’a qualifié récemment la Lettre confidentielle (lire ici dans la LC n° 171 du 10 décembre), vient de démontrer à nouveau son intérêt pour l’Afrique avec une initiative du Medef, qu’il préside, pour l’électrification du continent. Une initiative que doit beaucoup à l’ancien ministre de l’Environnement Jean-Louis Borloo, qui, engagé depuis plusieurs mois dans un ambitieux projet international d’Agence pour l’électrification de l’Afrique, avait sollicité le patron des patrons français.
Une manière aussi, pour le patron des patrons, d’associer plus concrètement le Medef à la dynamique née avant et après la COP21 ( XXIe Conférence des Nations Unies pour les changements climatiques), qui vient de réunir à Paris 195 pays et a été, de l’avis unanime, une réussite*.
Vers la création d’une « Equipe de France de l’électrification de l’Afrique »
Dans un communiqué du 14 décembre, Medef annonçait ainsi la tenue d’un « premier tour de table » avec des industriels, opérateurs et institutionnels. Tour de table, qui a donné des résultats, puisque depuis, sous la houlette de Frédéric Vincent, le président de Nexans, désigné comme représentant du Medef par Pierre Gattaz, plusieurs dirigeants tricolores ont signé tour à tour ces derniers jours une résolution, les engageant à soutenir la démarche. Ces sociétés sont Akuo Energy, Engie, ERDF, Geocoton, RTE, Schneider Electric, auxquelles s’ajoute le Fonds pour le développement énergétique durable.
« Nous allons maintenant créer une association. Son nom n’est pas encore choisi, mais, entre nous, nous lui donnons le nom d’Équipe de France pour l’électrification de l’Afrique », confie à la LC la « sherpa » de l’opération, Dorothée Pineau, directrice général adjointe du Medef en charge de l’international. Le groupe de ces entreprises, qui doit a priori se réunir chaque semaine, a déjà tenu deux réunions de travail. « Notre objectif commun est maintenant de faire un état des lieux des projets, des besoins, des complications techniques. Parallèlement, les entreprises vont mettre à disposition des ingénieurs pour réaliser les études nécessaires », détaille encore Dorothée Pineau.
Le business pas antinomique avec le développement
L’association aura ensuite « pour vocation d’y associer à terme des entreprises et des investisseurs locaux », peut-on lire dans le communiqué du Medef. En clair, ses membres envisagent de travailler de concert autour de projets concrets avec les acteurs locaux, les EDF des États africains notamment. Le business n’est pas forcément antinomique avec le développement et si les grands acteurs de l’Hexagone peuvent en tirer profit, on peut imaginer que les bureaux d’étude, en particulier, pourront également tirer profit de l’initiative du patronat français.
Le fait que Medef ait engagé sa propre démarche ne signifie pas que la future association n’inscrira pas son action dans d’autres cadres, comme l’initiative africaine pour les énergies renouvelables (Arei), présentée à la Cop21, ou le projet de Jean-Louis Borloo d’agence intergouvernementale ou panafricaine d’électrification. Lors de la COP21, le président Hollande a promis de mobiliser « 2 milliards d’euros en faveur des énergies renouvelables » en Afrique d’ici 2020.
Pour sa part, Jean-Louis Borloo a déjà recueilli 38 signatures de pays africains sur un total de 54 pour participer à son Agence pour l’électrification de l’Afrique. Chaque État disposera d’une voix au sein de cette enceinte. Son directeur général n’est pas encore choisi, mais il devrait être trouvé au sein de la Banque africaine de développement (Bad). Le nom de l’ancien homme politique sierraléonais, Alhaji Kandeh Kolleh Yumkella, est souvent cité pour occuper ce poste. Ce spécialiste des économies agricoles, sous-secrétaire général aux Nations-Unies, est le représentant spécial du secrétaire général pour l’Energie durable pour tous. Lequel s’est fortement impliqué auprès des États africains lors de la Cop21.
François Pargny
*Lire dans la LC : Spécial COP21/Financements : retour sur les principales initiatives économiques lancées pour lutter contre le réchauffement
Pour prolonger :
–Afrique : sécurité et développement sont indissociables pour faire fructifier ce grand marché
-Égypte/Développement : Le Caire veut plus de valeur ajoutée et plus d’Afrique
-Afrique/NTIC : Orange affiche ses ambitions dans l’Internet et les services
-Afrique : les classes moyennes « ni pauvres ni riches » tirent la consommation
-Dossier Congo 2015 : un pays de gros chantiers
-Côte d’Ivoire 2015 : l’économie ivoirienne face au défi de l’élection