Les entreprises françaises devraient suivre de très près les évolutions de la ZLEC, le projet de Zone de libre-échange continental africaine (en anglais AfCFTA pour African Continental Free Trade Area) car le Nigeria, objet de toutes les attentions de Paris, vient d’annoncer sa prochaine adhésion.
« Le Nigeria entrera dans la Zone de Libre Echange Continentale (ZLEC) au prochain sommet extraordinaire de l’Union africaine à Niamey, au Niger ». Cette annonce a été faite (en anglais) d’un simple tweet de la présidence nigériane, dans la soirée du 2 juillet. « Le Nigeria signe cet accord après de multiples consultations de spécialistes locaux », justifie la présidence, soulignant que la « priorité désormais sera de mener des négociations pour garantir des garde-fous contre la contrebande et les importations massives qui menaceraient notre industrie».
Cette annonce a surpris nombre d’observateurs car le géant économique d’Afrique de l’Ouest avait jusqu’à présent refusé catégoriquement de participer à ce vaste projet d’accord de libre-échange lancé en avril 2018 par l’Union africaine (UA). Un maillon manquant majeur.
Une position longtemps hésitante
Première puissance économique africaine avec 190 millions d’habitants, riche en pétrole (2 millions de b/j), le Nigeria souffre d’un manque de compétitivité structurelle de son économie (insuffisance des infrastructures, coupures d’électricité…). Encore convalescent de la dernière crise des marchés pétroliers, qui a frappé de plein fouet son économie, il reste enclin à protéger son industrie et sa production agricole et ses dirigeants promeuvent bien volontiers le « Made in Nigeria ».
Une position hésitante vis à vis du libre-échange que reflète l’attitude de ses dirigeants vis-à-vis de ce projet panafricain.
Non-signataire de la déclaration d’intention d’avril 2018 en faveur de la ZLEC, qui avait été paraphée par 47 Etats (voir document attaché à cet article), le président nigérian Muhammadu Buhari hésitait encore il y a peu, malgré l’avis favorable à ce traité d’une mission d’étude locale, annulant en mars dernier un voyage à Kigali, au Rwanda où il devait déjà signer l’accord, aux côtés de nombreux chefs d’Etat. Motif de ce revirement : « donner plus de temps aux investisseurs nigérians », selon le président nigérian.
Il semble que cela soit chose faite. Il est vrai aussi que très moteur dans le projet de nouvelle monnaie régionale « ECO » pour 2020 adopté par les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) le 18 juin dernier, il aurait été paradoxal que le Nigeria ne s’engage pas dans la ZLEC alors que la quasi-totalité des 15 membres de cette organisation qu’il préside, à l’exception du Bénin, ont signé le projet.
Deux derniers Etats doivent encore parapher le projet pour qu’il couvre la totalité des pays membres de l’UA : le Bénin, voisin du Nigeria, et l’Erythrée. Rappelons que ce projet pourrait aboutir, selon l’UA, à augmenter de 60 % le commerce intra-africain alors que ce dernier ne pèse actuellement que 16 % du commerce extérieur des pays africains.
C.G