La BOAD (Banque ouest-africaine de développement) renforce actuellement sa dynamique de proximité avec les investisseurs étrangers en Afrique de l’Ouest. En 2015, alors même que les investissements étrangers dans la région s’affaissaient de 18 % en raison de la situation financière du Nigeria, l’institution financière qui couvre depuis son siège de Lomé (Togo), l’ensemble des pays de l’Uemoa, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire,
Guinée-Bissau, Niger et Togo) a approuvé des projets pour un montant total de 295,9 milliards de francs CFA (451,2 millions d’euros).
Après l’agriculture, ce sont les secteurs de l’énergie, de la finance, ainsi que des infrastructures qui absorbent la majorité de ces ressources, avec une croissance notable des engagements de l’institution dans d’autres secteurs économiques porteurs en Afrique, tel le secteur hôtelier. C’est dans ces domaines que l’offre de l’institution pourrait s’avérer particulièrement intéressante pour les investisseurs étrangers. La BOAD, dans le cadre de mandats d’arrangement de financement, lève en effet des ressources pour les promoteurs de projets d’investissement.
Ce fut le cas par exemple pour l’extension récente de la centrale thermique d’Abidjan Azito majoritairement détenue par Globeleq, producteur d’électricité britannique opérant dans les pays émergents. « Nous avons amené les banques commerciales à aller vers des maturités de prêts beaucoup plus longues, expliquait récemment Christian Adovelande, président de la BOAD, à des journalistes invités par la banque. Nous mettons des ressources à leur disposition, de manière à ce qu’elles puissent proposer des maturités de 7 à 12 ans ».
Des conditions qui ne laissent pas le monde des affaires indifférent. L’institution se dit aujourd’hui régulièrement saisie par des investisseurs étrangers pour la mobilisation de financements, avec des projets à venir dans le domaine de l’énergie (centrale solaire au Mali) et des infrastructures (portuaires au Sénégal). Une stratégie inscrite dans le long terme. Associant développement économique en Afrique et monde des affaires, la BOAD soutient de plus en plus le secteur privé avec un de ses guichets de financement qui lui est réservé.
Ce « guichet banque » se finance essentiellement sur des ressources de marché pour accompagner des opérations d’investissements et de services privées : « nous discutons beaucoup avec nos collègues des banques commerciales et faisons beaucoup de syndication de prêts, rappelle Christian Adovelande, nous recherchons toujours des co-financiers avec lesquels travailler pour créer un effet de levier. Pour 1 franc CFA investi, nous essayons de créer un effet de levier pour trois. » Parmi ces co-financiers, l’Agence française de développement (AFD) a commencé dès 2010 à accompagner la BOAD dans cette stratégie, en lui accordant un prêt de 30 millions d’euros.
Laurence Soustras