L’exploitation forestière en Afrique inquiète. « Aujourd’hui, l’Afrique, surtout l’Afrique centrale, concentre encore 23 % des exportations mondiales de bois tropicaux, mais les ressources diminuent, la déforestation croît, notamment en République démocratique du Congo », expliquait Alain Karsenty, économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), lors de la présentation, le 4 juillet à Paris, du premier rapport Cyclope Afrique 2016*.
Et de préciser qu’en raison de l’importance du commerce informel dans la région, « les producteurs sont obligés d’exporter au loin », ce qui est un problème, en particulier à l’heure actuelle avec le ralentissement économique de la Chine, qui est un débouché important.
Pour éviter cette dépendance de l’étranger, certains pays, conseillés par les institutions multilatérales, se sont lancés dans la transformation. Mais le commerce de grumes résiste, car les besoins sont importants dans le monde, et encore plus pour les produits de qualité, qui « manquent sur le marché mondial et les utilisateurs sont prêts à payer très chers » selon Alain Karsenty.
Le Gabon veut encourager la montée en gamme
Dans ces conditions, la transformation locale – sciage, plaquage… – peine à se développer. Et l’économiste du Cirad de prendre le cas du Gabon, où, selon lui, « les producteurs locaux, qui ont l’obligation légale de transformer leurs bois depuis 2010, souffrent, car ils sont confrontés à la concurrence d’autres producteurs dans le monde ». Les conséquences seraient aussi plutôt négatives pour l’État, « avec la baisse des recettes fiscales et de l’emploi dans le segment des grumes ».
Présent lors de cette présentation, le ministre gabonais du Développement durable, de l’économie et de la promotion des investissements et de la prospective, Régis Immongault Tatagani, a tenu à répondre.
Ce membre important du gouvernement de Libreville a, d’abord, affirmé que dès 2011 la perte d’emplois dans le segment des grumes avait été compensée par des gains dans la transformation et que la contribution du secteur du bois au produit intérieur brut était maintenant revenue au niveau de 2010. Ensuite, a-t-il souligné, la stratégie suivie est « d’encourager le passage de la première à la troisième transformation », une montée en gamme, reconnaissait-il, qui ne pourrait pas se faire sans efforts en matière de formation.
C’est ainsi que Gabon Special Economic Zone S.A. (GSEZ), la société en charge de la zone économique spéciale de Libreville, a signé un partenariat avec l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad) de Paris pour créer l’Institut supérieur international d’art et de design d’Afrique (Isiada), également appelé Arts déco Africa.
François Pargny
(*) Lire en accès libre sur notre site : Matières premières / Afrique : pétrole ou agriculture, les dépendances africaines perdurent selon Cyclope
Lire aussi dans la LC d’aujourd’hui les articles Éthiopie / Textile : comment Addis-Abeba protège son industrie avant d’adhérer à l’OMC et Afrique / Chine : les initiateurs du Cyclope Afrique partagés sur le rôle de l’ex-Empire du Milieu
Pour prolonger :
– Dossier Gabon 2015
– Forum Afrique MOCI / CIAN 2016 : des besoins en investissements dans une Afrique qui s’urbanise
– Rapport Afrique CIAN 2016 – Les entreprises françaises & l’Afrique
– Dossier spécial : Travailler avec l’Afrique
– Guide business Côte d’Ivoire 2016
– Guide business Ghana 2016