© AFD – Alain Buu
C’est fait, l’actuel secrétaire-général adjoint du ministère des Affaires étrangères et du développement international, Rémy Rioux, a été officiellement nommé en conseil des ministres le 25 mai directeur général de l’Agence française de développement (AFD). À 46 ans, cet ancien directeur de cabinet de Pierre Moscovici lorsque celui-ci était ministre de l’Économie et des finances, va succéder dès le 2 juin à Anne Paugam, qui occupait le poste depuis mai 2013 et dont le mandat arrivait à échéance.
Auteur d’une mission de préfiguration d’un rapprochement entre l’AFD et la Caisse des dépôts et consignations (CDC) qui n’a pas encore permis de dégager un scénario clair et définitif*, Rémy Rioux, qui a été nommé sur proposition de François Hollande lui-même, aura sans aucun doute pour priorité de relancer ce processus. Car l’enjeu est de renforcer ce bras armé de la politique d’aide au développement tricolore alors que le président de la République, en septembre 2015, s’est engagé pour une relance de la politique française de développement en augmentant les financements de 4 milliards d’euros d’ici 2020, pour atteindre 12,5 milliards d’engagements annuels –dont 5 milliards d’euros pour le seul climat. Le communiqué publié par l’AFD dès sa nomination rappelle d’ailleurs, à cet égard, que ce rapprochement « doit doter la France d’un outil à même de relever les défis des Objectifs du développement durable».
Beau challenge pour cet ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, de Sciences Po et de l’Ena, historien de formation, ancien élève d’Alain Corbin et de Pierre Nora, conseiller maître à la Cour des comptes. Mais il a le bagage pour faire face lui qui a alterné, au cours de sa carrière, des responsabilités en France au sein d’administrations centrales (Agences de participations d’État de 2007 à 2010 en charge des transports) et de cabinets ministériels (Daniel Vaillant, de 2000 à 2002) et au service du développement et de l’Afrique.
L’Afrique est d’ailleurs un continent qu’il connaît bien, où il a de nombreux contacts, et dont il dit être passionné. Au Trésor de 2004 à 2007 puis de 2010 à 2012, il a ainsi contribué, notamment, à moderniser la coopération monétaire avec les pays africains membres de la Zone franc, participé à la résolution de la crise ivoirienne et contribué à placer la question des infrastructures et du développement au cœur de l’agenda international du G20 tout en étant administrateur de l’AFD et de sa filiale Proparco, précise le communiqué de l’AFD.
Plus récemment, alors au service du ministre de l’Économie et des finances, il a participé en 2012 à la redéfinition des relations économiques entre l’Afrique et la France et aux travaux menés par Jacques Attali sur la francophonie économique. Deux ans plus tard, après le départ pour Bruxelles de Pierre Moscovici, il était recruté par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international, qui venait de ravir à Bercy le commerce extérieur et mettait en œuvre sa diplomatie économique. Nommé alors secrétaire général adjoint du Quai d’Orsay, il a été en charge notamment des questions économiques et a piloté, aux côtés du ministre, le volet financier des négociations pour la COP21.
Le communiqué de l’AFD présente aussi ce mari et père de trois enfants comme un « homme de dialogue et de conviction ». Des atouts qui ne seront pas de trop pour élaborer le scénario final de la mission qui lui a été confiée…
C. G.
*Lire nos différents articles sur le sujet, en particulier :
– AFD / Développement : Rémy Rioux en bonne voie de prendre la direction
– AFD / Développement : les milieux d’affaires regrettent la suspension du projet de rapprochement avec la CDC
– Rapprochement AFD / CDC : un dirigeant de la Caisse des dépôts pourrait piloter l’agence française
– Rapprochement AFD /CDC : les sénateurs F. Keller et Y. Collin rêvent (encore) d’une KfW à la française