Le 6 décembre, l’Agence française de développement (AFD) et la Caisse des dépôts (CDC) officialiseront le rapprochement voulu entre ces deux maisons par le président de la République. Ainsi, les deux directeurs généraux, Rémy Rioux et Pierre-René Lemas, signeront une convention de partenariat, clôturant ainsi de belle manière les festivités du 75e anniversaire de l’AFD. Pour autant, tout ne semble par réglé, concernant, notamment, le fonds d’investissement de 500 millions d’euros que la CDC doit mettre à la disposition de l’agence publique en charge de l’aide au développement.
Au sein de l’AFD, on indique ainsi que si quatre « transitions » – des domaines de coopération- doivent être approfondies dans le cadre de la stratégie à développer avec la CDC, trois seulement semblent actées : numérique/smart city, aménagement urbain et environnement/énergie. Une quatrième, appelée social business, soit une sorte d’alliance du développement et des affaires, demanderait encore à l’Agence française de se mettre « au diapason », explique à la Lettre confidentielle une source interne.
En clair, si Proparco, filiale de l’AFD pour le secteur privé, connaît l’univers de l’entreprise, elle a toujours agi avec une grande indépendance, si bien que sa maison-mère doit faire une petite révolution culturelle pour se mettre sur la même longueur d’onde. Ce qui rend d’autant plus indispensable les échanges de personnel et d’expériences déjà invoqués en interne, ainsi que la possibilité d’organiser des formations croisées. Par ailleurs, Rémy Rioux voudrait donner la priorité au recrutement de seniors, son prédécesseur, Anne Paugam, ayant plutôt embauché des jeunes talents. Autre difficulté, Bpifrance doit être associé à la transition sur le social business et il se pourrait que la banque publique et la Caisse des dépôts cherchent à obtenir chacune le leadership de ce projet.
Un fonds dédié à l’Afrique ou étendu à l’Asie et l’Amérique du Sud ?
Enfin, la nomination de Rémy Rioux, contre l’avis du directeur général de la CDC, Pierre-René Lemas, qui voulait y placer sa collaboratrice Odile Renaud Basso, en charge de la gestion opérationnelle des fonds, aurait laissé des traces. On se souvient du feuilleton : un temps soutenu par François Hollande, le patron de la CDC a dû finalement accepter de laisser partir Odile Renaud Basso à la direction générale du Trésor, le secrétaire général adjoint du Quai d’Orsay, Rémy Rioux, un moment mis sur la touche, s’emparant finalement du poste, grâce au soutien, dit-on, du Trésor et, surtout, du ministre des Affaires étrangères et du développement international de l’époque, Laurent Fabius.
Cet épisode expliquerait que Pierre-René Lemas « ait une petite dent contre Rémy Rioux ». D’où, selon l’interlocuteur de la LC, le fait que « le premier voulant marquer son pré-carré exige que le fonds soit exclusivement consacré à l’Afrique », alors que « le second voudrait que son affectation soit étendue à l’Asie et l’Amérique du Sud ». Reste le contexte politique, qui peut inquiéter certains. En cas d’alternance politique en France, que se passerait-il ? Chacun s’interroge, on s’en doute…
François Pargny
Pour prolonger :
–Afrique / AFD : R. Rioux veut une agence plus indépendante, plus agile, mais toujours aussi africaine
–AFD / Développement : la nouvelle garde rapprochée de R. Rioux
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