Avec 2 453 exposants, le Salon international de l’aéronautique et de l’espace (SIAE 2019) de Paris-Le Bourget – Paris International Air Show en anglais – atteindra un nouveau record cette année pour sa 53e édition du 17 au 23 juin. De quoi distancer encore un peu plus ces concurrents internationaux, Farnborough International Air Show (1 500 exposants), Dubaï Air Show (1 200) et Singapore Air Show (1 062). Toute la planète y sera réunie, y compris les États-Unis, numéro un international, avec 360 exposants.
Cette progression de la participation est due à l’augmentation du nombre de startup, qui passera de 70 lors du dernier SIAE en 2017 à 142, originaires de 22 pays. Soixante seront présentes en permanence sur les stands des industriels et une séance de pitch sera réservée aux startups africaines.
Tous les grands noms à quelques exceptions
« C’est un salon ouvert sur le monde par essence, avec 50 % de participation internationale, et les grands noms de la profession », a pointé Eric Trappier, le président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), lors d’une conférence de presse, le 4 juin à Paris.
Deux absences notables, cependant : côté américain, Northrop Grumman – en revanche, Boeing ne réduit pas la voilure au SIAE, malgré les déboires de son avion vedette 737 Max ; et côté européen, le britannique BAE Systems. « Le groupe du Royaume-Uni ne vient peut-être pas parce qu’il se présente à Farnborough. Quant à Northrop Grumman, c’était une décision politique de son ancien président. La compagnie ayant maintenant décidé de renouer avec les salons, nous avons bon espoir de la revoir en 2021 », a expliqué Gilles Fournier, le directeur général du SIAE.
La patrouille de France, du président aux régions
Les exposants français seront au nombre de 1 185, dont des ETI comme Daher et des PME, dont les 200 membres du Gifas. Côté visiteurs, les chiffres devraient être identiques à ceux de la biennale précédente : 142 000 professionnels, dont 56 % d’Europe, 22 % d’Amérique du Nord, 13 % d’Asie, et 180 000 visiteurs grand public pendant le weekend.
Alors que le président Macron ouvrira le salon, son Premier ministre Édouard Philippe clôturera les journées professionnelles le vendredi, a indiqué Pierre Bourlot, le directeur général du Gifas. Neuf régions seront représentées au SIAE 2019, treize ministres sont encore annoncés ainsi que plus de 300 délégations officielles.
Le 19 juin à 11 heures, le Gifas lancera le programme Industrie du futur, associant gouvernement, Régions, industriels et institutions financières. L’objectif est de préparer et d’accompagner 300 ETI et PME dans la digitalisation. « La conduite numérique est fondamentale pour adresser la compétitivité de nos entreprises. L’informatique est aussi une question de sécurité qui doit concerner l’ensemble de salariés », a souligné Eric Trappier, également président de Dassault.
« Travailler avec des concurrents étrangers est positif pour la supply chain »
A la question de savoir si c’était une bonne chose pour l’export que des sous-traitants français opèrent avec des donneurs d’ordre étrangers, le patron français a répondu par un « oui » catégorique.
« On a besoin d’avoir un domaine élargi et Airbus est déjà très occupé, a-t-il poursuivi. Que des sociétés nationales puissent alors travailler avec des concurrents d’Airbus comme Boeing est positif pour la supply chain française. De même quand nos entreprises travaillent avec des équipementiers américains, c’est bon. La supply chain est satisfaite et nous aussi, car ça renforce sa capacité à s’adresser à nous ».
Ces propos ont été repris par Patrick Daher, le président de l’équipementier éponyme et commissaire général du SIAE, qui a rappelé que « le marché est concentré » et qu’il est risqué pour la sous-traitance de rester « dépendante d’un seul donneur d’ordre ». En outre, selon lui, « l’innovation est la clé » et « nous avons besoin d’aller chercher les savoir-faire et connaissances dans d’autres pays ».
Les enjeux de l’avion du futur et des satellites
S’agissant d’innovation, Eric Trappier s’est réjoui que le programme de coopération européen d’avion de sixième génération Système de combat aérien du futur (SCAF) « progresse fort ». Le premier contrat d’étude de concept et d’architecture a été notifié par la Direction générale de l’armement (DGA) à Dassault Aviation et Airbus Defence and Space au début de l’année. « On espère arriver rapidement à un démonstrateur », a précisé le numéro un de Dassault.
Alors que l’on va fêter le cinquantenaire des premiers pas d’un homme sur la lune, l’espace est à la fois un motif de satisfaction et d’inquiétude pour l’Hexagone. Satisfaction dans le domaine des lanceurs, Ariane 6 ayant pris le relais d’Ariane 5, inquiétude dans les satellites où « l’on souffre un peu », a averti Eric Trappier.
ArianeGroup ne participera pas au prochain SIAE. Confronté à l’effondrement du marché des satellites géostationnaires et à la concurrence agressive de SpaceX, le groupe commun à Airbus et Safran réduit ses coûts. « Je comprends qu’il ne vienne pas », a dit prudemment Patrick Draher, tout en notant que « les enjeux du spatial européen sont considérables et l’offensive américaine est très active ».
C’est pourquoi Eric Trappier a appelé l’Agence spatiale européenne et la Commission européenne à se mobiliser, avec des programmes de recherche et développement et l’application du principe de préférence européenne dans les achats.
L’impact positif des J.O de Paris
Enfin, « le SIAE, c’est 400 millions d’euros de retombées économiques en construction, hébergement ou restauration », s’est félicité Gilles Fournier. Ce salon, le premier au monde à avoir été certifié en 2013 ISO 20 121 – la norme RSE (responsabilité sociale des entreprises) – va connaître de nouveaux changements avec les Jeux olympiques d’été de 2024 à Paris.
Pour cette compétition planétaire, doit être érigée une nouvelle station de métro (ligne 17). Et le hall 3 du parc d’expositions du Bourget va être reconstruit sur 20 000 m3. Soit un investissement de l’ordre de 50 millions d’euros. De quoi donner des ailes à l’international au salon parisien.
François Pargny