Pour son 30e anniversaire (officiellement en avril), l’Imed (Ingénierie méditerranéenne pour l’export et le développement) promet de mettre les bouchées doubles. Le précurseur du dispositif des volontaires à l’international en entreprise (VIE) à temps et coûts partagés entend aujourd’hui proposer ses services à des Régions, en plus de ceux qu’elle offre directement aux entreprises de l’Hexagone. « Nous pourrions nous intéresser à l’Occitanie et Auvergne-Rhône Alpes, des régions qui, à notre avis, ont de gros besoins », confie au Moci Loïc Bonnardel, son tout nouveau délégué général, lui-même ancien VIE au Moyen-Orient grâce à l’Imed en 2007.
Cette évolution vers des Régions (*), qui mettent en place leurs Schémas régionaux de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII), est somme toute logique. Les Régions, l’association basée à Marseille connaît déjà, puisqu’elle fournit, dans le cadre d’un contrat avec la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), des VIE à temps plein aux entreprises régionales.
Déjà une expérience avec la Région Paca
Plus encore, son premier contrat 2015-2017 pour lequel elle a permis l’emploi de 24 VIE vient d’être suivi d’un second pour la période 2018-2021, avec un objectif très ambitieux : plus de 100 VIE, toujours à temps plein, pour des entreprises opérant dans les pays et régions définis comme prioritaires par la Région : États-Unis, Europe, Russie, Chine, Japon.
Le dossier VIE, que l’Imed traite avec CCI International et Business France, qui gère la procédure au niveau national, fait partie du volet Ressources humaines du SRDEII. La Région, ayant décidé en décembre de porter son soutien de 1 million à 1,655 million d’euros, va ainsi accroître sa coopération avec l’Imed. Elle apporte une aide directe de 10 000 à 15 000 euros par jeune à chaque entreprise.
En dehors du cas spécifique de sa région d’origine, l’Imed tient à rester sur le créneau du VIE partagé pour des PME de l’ordre de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, « des sociétés qui n’ont ni les moyens ni les ressources internes pour créer une filiale ou employer une personne à temps plein », soutient Loïc Bonnardel. Ce qui nécessite, en retour, de trouver les bons candidats au VIE.
L. Bonnardel : « nos jeunes sont des défricheurs autonomes »
« On prend rarement d’anciens élèves de grandes écoles de commerce. Nous voulons des jeunes qui ont du vécu, qui sauront se débrouiller, gérer leurs agendas parce qu’ils seront plus ou moins seuls à l’étranger. Ce sont forcément des hommes ou des femmes qui ont déjà une connaissance de l’international, l’idéal étant qu’ils aient opéré dans le pays retenu. Bref, nos jeunes sont des défricheurs autonomes », résume Loïc Bonnardel. De façon concrète, ils doivent être capables d’opérer de l’identification de clients potentiels à l’assistance et l’appui local en passant par la mise en place d’une structure pérenne dans un pays.
Les jeunes sont « sourcés » sur la plateforme nationale mise en place par Business France. « Quant aux entreprises, c’est de la prospection téléphonique. Et il y a de plus en plus de startups, car l’international est dans leur ADN », note Loïc Bonnardel. C’est ainsi en remarquant que Sunna Design, fabricant de solutions d’éclairage public LED solaire dédiés aux pays émergents, avait « des touches » au Moyen-Orient que l’Imed lui a proposé un VIE à temps partagé sur cette zone. Depuis la société girondine utilise aussi les services d’un de ces jeunes en Australie.
Les États-Unis et l’Europe incontournables
L’Imed gère ainsi une vingtaine de VIE à temps partagé. « 8 à 10 tournent tous les ans et nous essayons aussi de tenir compte de l’actualité pour proposer des solutions aux PME tricolores », expose encore son délégué général. Ainsi aux États-Unis et à l’Europe qui sont incontournables, les accords de libre-échange avec le Canada (CETA**) et le Japon (APE ou JEFTA***) ont amené l’association à proposer un VIE à des PME sur ces destinations. Il en est de même pour la Colombie, un pays apaisé avec de grands projets d’infrastructures.
Globalement, l’Imed affirme que plus de 600 entreprises ont ainsi été accompagnées en 30 ans, dont 60 % en Paca, 20 % en Rhône Alpes, 10 % en Ile-de-France et 10 % dans le reste de l’Hexagone. Ce ne sont pas les jeunes qui sont difficiles à trouver, mais les entreprises. Ils seraient 50 000 au total prêts à tenter l’aventure de l’international, alors que le nombre d’entreprises potentielles ne dépasserait pas 7 500.
En abordant aujourd’hui les Régions, l’Imed espère monter en puissance auprès du secteur privé local. Dans cette optique, l’association vient de renforcer son équipe, avec une cinquième personne.
François Pargny
* Conformément à la loi sur le Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) promulguée le 7 août 2015, les Régions pilotent le développement économique sur leur territoire, dont l’international (export et attractivité). D’où la mise en place des SRDEII (Schémas régionaux de développement économique, d’innovation et d’internationalisation).
** Lire sur le CETA :
-Agroalimentaire / Canada : comment profiter du CETA pour exporter et investir au Canada
-UE-Canada / Agroalimentaire : les fromages et vins, grands vainqueurs du CETA
*** Lire sur le JEFTA :
– UE / Japon : un accord de libre-échange aux dépens des États-Unis
– UE / Japon : l’accord de libre-échange devrait entrer en vigueur début 2019
Pour prolonger :
-Accompagnement export : Bretagne commerce international va suivre les conseils de Bruxelles
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-Accompagnement / Export : Altios construit son “G20” tout en gardant un œil sur les réformes
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