La mise en place dans les régions des « guichets uniques » d’accompagnement des entreprises à l’international s’accélère, si l’on en croit Business France. « Il n’y a pas de point de blocage », insiste-t-on à l’agence publique, après la publication de l’article de la Lettre confidentielle du Moci, intitulé « Accompagnement / Export : l’été sera chaud pour les acteurs de la réforme ».
Décidée dans le cadre de la réforme du dispositif public d’accompagnement à l’export, la constitution d’équipes communes Business-CCI en région doit permettre aux exportateurs de disposer de référents uniques pour se projeter à l’international.
Convention de partenariat en Pays de la Loire en septembre
Si des conventions de partenariat n’ont pas encore été signées dans la plupart des régions, ce n’est pas faute de volonté politique, assure-t-on à l’agence publique. Au quotidien, Business France travaillerait dans une parfaite entente avec les CCI, y compris en Ile-de-France où il y avait une rivalité historique. Quant aux régions – comprendre les Conseils régionaux et parfois leurs agences de développement – elles veulent s’impliquer.
« Il faut comprendre, dit-on chez Business France, que les chantiers sont nombreux et variés et qu’il y a 13 régions avec des intervenants différents qui doivent ajuster leur action et se coordonner, ce qui n’est pas simple ». Pour autant, toutes les régions, « y compris la Corse avec son agence de développement », avanceraient « bien dans leurs travaux ».
Preuve en est la signature de la convention de partenariat tripartite CCI-Business France-Région en Pays de la Loire, prévue le 21 septembre prochain à Nantes, qui s’ajouterait ainsi aux quatre déjà conclues en Normandie, Hauts de France, Sud-Paca et tout récemment Bourgogne-Franche Comté.
Occitanie : le poids de l’agence régionale Ad’occ
Pilotes du développement économique sur leur territoire, les Régions veulent naturellement peser dans le fonctionnement des guichets uniques.
En Occitanie, la présidente du conseil régional Carole Delga aurait clairement indiqué sa volonté de réunir les conseillers internationaux de Business France et du réseau consulaire dans les locaux de son agence régionale de développement économique Ad’occ, née de la fusion de plusieurs agences qui relevaient des anciennes Régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées.
La nouvelle agence de développement économique d’Occitanie traite à la fois d’innovation, d’attractivité et d’internationalisation. « La régionalisation s’est traduite par une restructuration qui n’est pas encore tout à fait terminée que ce soit à la Région ou dans le réseau consulaire », précise au Moci un acteur local.
Ile-de-France : le besoin de coordonner avec un PRIE
Autre exemple, selon un responsable francilien, « il y a en Ile-de-France une véritable volonté de Business France et de la CCI de Paris Ile-de-France de travailler sur le choix des filières prioritaires et de s’entendre sur la typologie des entreprises à aider ». Les deux opérateurs espéraient signer en juillet, sauf que la Région a souhaité s’impliquer plus en profondeur dans le fonctionnement du guichet unique. Résultat : on s’attend maintenant à un accord entre les parties à la mi-septembre et à une signature fin octobre-début novembre.
Il y a une autre raison à ce report. Reprenant le concept de Plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE), initié en son temps par Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur (juin 2012- mars 2014), la Région veut faire coïncider l’installation du guichet unique et la présentation d’un PRIE.
Le Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) est le cadre de politique économique dont a du se doter chaque nouvelle région, après la mise en place de la loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) en août 2015. Le PRIE en Ile-de-France en serait le plan d’action.
Or, élaborer un PRIE où sont associés tous les opérateurs du commerce extérieur (des pôles de compétitivité aux opérateurs privés de l’OSCI, en passant par les conseillers du commerce extérieur de la France), chacun avec sa propre valeur ajoutée, est un chantier plus lourd à mener à bien. Du coup, le plan n’est pas encore prêt.
Outre-mer, l’avènement de modèles également différents
A côté des 13 régions définies au moment de la loi NOTRe, les départements et territoires d’outre mer sont aussi concernés. Dans l’ensemble des Dom et Tom, Business France opère directement de Paris, sauf à La Réunion, où l’agence dispose d’un représentant. Des spécificités sont à relever.
Ainsi, dans toutes les régions françaises, des plateformes communes de solutions et un CRM doivent être mis en place au plus tard début 2019. Dans le cas de La Réunion comme des autres Dom-Tom, la plateforme aura un rôle d’autant plus important que l’éloignement géographique est important. Il sera donc essentiel que cette plateforme offre des moyens et solutions en matière de logistique.
A cet égard, le ministère des Outre-mer (Mom), lié à Business France par une convention de partenariat, joue évidemment un rôle notable. Le Livre bleu délivré par la ministre Annick Girardin met en lumière la diversité des situations entre départements et territoires : les potentiels, les marchés, l’implication des entreprises à l’international y sont différents. Et comme pour les régions métropolitaines, on assistera dans les Dom-Tom à l’avènement de modèles différents.
S’agissant de La Réunion, la Région s’est dotée d’une Maison de l’export, une initiative phare du PRIE en 2015. Pour construire un guichet unique, l’idée serait de la renforcer avec trois collaborateurs supplémentaires de la Région, rejoints par les conseillers internationaux de Business France et de la CCI, ainsi que par le Club Export, très actif à La Réunion.
En Guadeloupe, en l’occurrence, export et attractivité doivent être traités de pair. La collectivité locale a décidé de compléter le budget du Mom. L’idée serait ainsi d’attirer des investisseurs étrangers sur place et de les aider ensuite à se projeter à l’international. Pour le plus grand bien des exportations tricolores.
François Pargny