« On ne commente pas », c’est un « non sujet ». Quand on interroge des représentants de la banque publique sur les velléités prêtées à Bpifrance et son directeur général de pousser le rapprochement, voire de ‘filialiser’ Business France pour des motifs de simplification du dispositif d’appui à l’internationalisation des entreprises –encore récemment évoquée dans un article du Figaro le 9 juin-, on se heurte à un mur : « Bpifrance ne commente pas ».
Mais une pointe d’exaspération est aussi perceptible, car la rumeur entretient un certain malaise entre les équipes des deux opérateurs, qui coopèrent et se côtoient régulièrement dans le cadre d’opérations d’accompagnement. Si rumeur il y a, assure-t-on, elle ne vient pas de la banque publique. Alors d’où peut-elle bien venir ?
La rumeur est notamment alimentée par le fait que la fusion de Business France et de Bpifrance figurait dans le programme de campagne à la primaire de la droite de Bruno Le Maire, actuel ministre de l’Économie et des finances, alors que le président de la République Emmanuel Macron avait, pour sa part, affiché sa volonté, dans son programme de candidat à la présidentielle, de faire de la banque publique l’instrument pivot de la politique publique d’appui aux entreprises. D’où des spéculations au moment où Business France se cherche un président de conseil d’administration pour remplacer la députée socialiste sortante Seybah Dagoma, et un directeur(rice) général(e) après le départ de Muriel Pénicaud au gouvernement.
Mais il faut bien reconnaître que, jusqu’à présent, l’option qui a été la plus régulièrement évoquée dans les débats publics sur l’avenir du dispositif d’appui au commerce extérieur ou dans des rapports officiels -tout récemment encore dans un rapport de la Cour des comptes*- n’est pas celle d’une fusion entre Bpifrance et Business France, mais plutôt celle d’un rapprochement plus poussé entre cette dernière et les chambres de commerce et d’industrie. Le président des conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), Alain Bentéjac, en reparle lui aussi dans la Lettre confidentielle d’aujourd’hui**. Tant Business France que le réseau consulaire ont fait passer des notes sur leur vision des choses à ce sujet aux nouveaux tenants du pouvoir via leur entourage, et elles seraient, selon nos informations, quelque peu divergentes…
Pour l’heure, chez Bpifrance, le message est en quelque sorte : business as usual, c’est à dire «on avance !». Sa nouvelle filiale Assurance export lance ce mois de juin une campagne pour relancer l’assurance-prospection avec un slogan plutôt accrocheur : « Assurance prospection export, même en cas d’échec, on vous fait un chèque ! ». Par ailleurs, la banque publique a lancé sur les réseaux sociaux une vaste campagne de communication pour la troisième édition de sa grand messe de l’entrepreneuriat, Bpifrance Inno Génération (« BIG »), prévue le 12 octobre prochain.
C. G.
*Accompagnement / Export : la Cour des comptes pousse au rapprochement CCI – Business France