Cet article a fait l’objet d’une Alerte diffusée dès le 21 janvier aux abonnés de la Lettre confidentielle du Moci.
Avec la signature de leur première convention de partenariat, le 20 janvier à Paris, CCI France International et l’OSCI, deux réseaux jusqu’à présent plutôt rivaux sur le marché de l’accompagnement des entreprises à l’international, ont scellé une nouvelle ère d’entente cordiale.
Le mécontentement manifesté par l’OSCI fin 2018, à l’issue de la première vague d’appels d’offres de Business France pour attribuer les concessions de service public (CSP), tous remportés par des Chambres de commerce française à l’international (CCI FI), est donc de l’histoire ancienne.
Une première entre ces deux réseaux phares de l’accompagnement privé
« L’objectif de cette convention est de favoriser une meilleure communication, une connaissance mutuelle et enfin de nouvelles synergies et complémentarités entre les deux réseaux » proclame le communiqué commun diffusé le jour-même par les deux organisations. L’heure est donc à la collaboration, une première entre ces deux réseaux phares du marché privé de l’accompagnement à l’international.
CCI France International, dont le siège est abrité dans les bureaux de CCI France à Levallois Perret, est la tête de pont du réseau des CCIFI, qui compte 124 CCI bilatérales de statut privé dans 93 pays et 37 000 entreprises membres, pour moitié des entreprises françaises (dont des OSCI) et pour moitié des entreprises étrangères. L’OSCI (Opérateurs spécialisés du commerce international), de son côté, est la fédération professionnelle des sociétés d’accompagnement, de gestion export et de commerce international. Elle compte 150 membres présents dans 37 pays, offrant des services dans 130 pays.
Préparée depuis plusieurs mois, la signature s’est déroulée en petit comité dans les bureaux de l’OSCI, au siège de Medef International à Paris, en présence de Renaud Bentégeat, président de CCI France International et des deux nouveaux co-présidents de l’OSCI, Chloé Berndt et Hervé Druart (notre photo, de drote à gauche). Et l’ambiance était plutôt détendue.
« Nous pensons qu’il est plus profitable de coopérer »
« Nous sommes des réseaux un peu concurrents mais globalement, notre raison d’être est d’aider les entreprises dans leur projets à l’international » a commenté Renaud Bentégeat. « L’idée est de leur offrir un service de qualité ».
Même son de cloche chez le nouveau partenaire : CCI FI, « c’est un réseau que l’on pratique, on a des relations plus ou moins faciles selon les pays » a souligné Hervé Druart, co-président de l’OSCI. « Mais nous pensons qu’il est plus profitable de coopérer » a-t-il ajouté.
Si le constat fait en décembre 2018 à l’issue des premiers appels d’offres de Business France était amer, la situation s’est d’autant plus apaisée par la suite que des membres de l’OSCI ont remporté certains marchés, en Russie notamment. Et CCIFI et OSCI sont placés sur un pied d’égalité dans le processus de référencement des prestataires de services aux entreprises lancé par Business France dans le cadre du nouveau dispositif Team France Export à l’étranger.
Un cadre pour favoriser une « concurrence loyale »
En fixant un cadre de coopération, les deux organisations centrales espèrent favoriser de meilleures relations entre leurs membres respectifs sur le terrain, voire des synergies. L’article 4 de la convention est à cet égard consacré entièrement au thème de la « concurrence loyale ».
Il stipule que lorsque CCIFI et OSCI sont en concurrence sur certains services, « cette concurrence doit être loyale pour profiter à l’émulation des opérateurs du secteur et à la qualité des services proposés aux entreprises exportatrices ».
Le même article précise que « les CCIFI ont toutefois une spécificité par rapport aux autres opérateurs, celle d’être des associations à but non lucratif, qui font bénéficier à leurs membres de tarifs préférentiels » ; elles sont par ailleurs « animées par une vocation de service public et un principe de solidarité économique, qui peuvent parfois les amener à pratiquer des tarifs aux meilleures conditions de marché ».
Dans ce cas, poursuit le texte, « les deux parties s’engagent à collecter les remontées de terrain de leurs entités locales et à se faire part mutuellement d’éventuelles distorsions de concurrence ; dans le cadre de leur dialogue les parties s’engagent à essayer de résoudre les distorsions pour que la concurrence reste loyale ».
Un véritable cadre de règlement des litiges. « Nous pensons qu’établir ce cadre facilitera le règlements des différents », a confirmé Renaud Bentégeat.
Services inverses, complémentarités, événements
La convention de partenariat couvre également des sujets plus opérationnels, selon trois grands axes :
– Les « services inverses », c’est-à-dire l’accompagnement des entreprises étrangères en France : les CCIFI, qui comptent par leurs membres des entreprises étrangères locales, pourront solliciter des membres de l’OSCI pour assurer en France l’accompagnement de ces dernières lorsqu’elles souhaiteront prospecter ou s’implanter dans l’Hexagone. L’OSCI a adjoint à la convention une première liste de 10 de ses membres qualifiés* et désireux d’assurer ce type de service sur le sol français qui « pourra s’élargir à l’avenir ».
–Les services complémentaires : les CCIFI et les OSCI pourront recommander mutuellement leurs services respectifs aux entreprises en cas de besoin.
–Une collaboration événementielle : des représentants de l’OSCI seront désormais systématiquement conviés à l’événement annuel de CCI France International, les Rencontres CCI FI / Partenaires et réciproquement, CCI France International apportera son appui aux Universités d’été de l’internationalisation des entreprises (UEIE), organisées par l’OSCI, Bpifrance, Medef International, Adepta et la Fabrique de l’exportation, et dont la première édition a eu lieu à Marseille en juillet 2019.
Un comité de pilotage, composé du président et du délégué de chaque organisation, est mis en place. Objectif : établir chaque année une feuille de route et suivre sa mise en œuvre. Dans l’immédiat, la priorité va être de diffuser auprès des membres ce nouveau credo de collaboration.
Christine Gilguy
*Il s’agit des sociétés : Adevkat, Altios International, Ambiceo, Businesscrescendo, CBCI, EOC International, Prodevema, SAI France International, Salveo Group, Sarexeo et Worlds Sellers.