Les pratiques de paiement en Chine se rapprochent des standards internationaux, mais avec quelques spécificités. Entre octobre et décembre 2010, le bureau chinois de la Coface a mené sa 8e enquête sur les comportements de paiement des entreprises en Chine. 1 071 entreprises, chinoises et étrangères, grandes et petites, ont répondu.
L’achat à crédit est devenu la règle : 87,6 % des entreprises présentes en Chine vendent à crédit. Plusieurs raisons expliquent ce développement. À 53 % elles ont répondu que les conditions de concurrence les ont obligées à consentir du crédit. 25 % n’ont pas le choix car leurs clients ont des problèmes de trésorerie. Seulement 16,1 % n’accordent du crédit que quand elles connaissent bien leurs clients.
L’allongement des durées de crédit est lui aussi conforme à ce qui se pratique hors de Chine. À l’occasion de ventes sur le marché intérieur, les délais de paiement sont aux deux tiers de 30 (35 % de sondés) à 60 jours (35,9 %) et de 90 jours pour un cinquième (20,5 %). Les retards semblent fréquents – 67,4 % disent enregistrer des retards de paiement – mais la situation tend à s’améliorer par rapport à 2009 (72 %).
Les entreprises qui sont perçues comme risquées sont majoritairement celles du secteur privé : 59,4 %, contre 24,5 % pour les entreprises publiques. Selon la Coface, cette défiance s’explique par le fait que les entreprises privées sont les plus nombreuses (environ 4,7 millions sur un total de 5 millions), qu’elles sont en outre familiales et donc peu capitalisées, qu’elles ont un accès très limité au crédit bancaire et enfin qu’elles manquent de transparence.
Concernant les entreprises publiques, la Coface met en garde contre celles qui sont détenues par une municipalité ou une province. Elles sont souvent, selon l’assureur-crédit, très endettées et le gouvernement central refuse de prendre en charge leurs dettes. Enfin, en cas d’impayés, il est important qu’aucune des parties ne perde la face. C’est pourquoi la négociation amiable ou la médiation-arbitrage sans caractère contraignant sont privilégiées.
Restent plusieurs inquiétudes pour l’avenir, comme l’impact négatif que l’on peut redouter du retrait des incitations fiscales en 2010, qui préoccupe 37,2 % des entreprises interrogées par Coface, alors que 31,1 % considèrent que les incertitudes tiennent au ralentissement du crédit bancaire, qui peut aller jusqu’à une restriction sévère, comme un quota sur les prêts. Du coup, le secteur privé a de plus en plus recours à des sources diverses de crédit (informel, interentreprises, de banques étrangères) avec toutes les contraintes (taux d’intérêt usuraires, prêts gagés sur des terrains) et les risques afférents. Ce contexte de raréfaction du crédit aux entreprises est d’autant plus inquiétant que, dans le même temps, l’inflation repart à la hausse (5,5 % en mai dernier, sur un an), en raison de l’augmentation du prix du pétrole et des produits agricoles, et que les taux d’intérêt augmentent. S’y ajoute un yuan qui ne cesse de s’apprécier et des exportations en diminution, alors que le gouvernement veut une production qui monte en gamme et la constitution de marques mondiales.
Enfin, les salaires augmentent en Chine et le droit du travail est de plus en plus favorable aux salariés, avec l’assentiment des autorités qui veulent voir émerger un véritable marché intérieur.
Jean-François Tournoud
Champion de la consommation d’énergie
La Chine a accru sa consommation d’énergie de 11,2 % en 2010. C’est ce qui ressort de la 60e édition du rapport annuel Statistical Review of World Energy que la compagnie pétrolière BP vient de publier et qui fait autorité dans la profession. Celui-ci note que le pays est devenu le plus grand consommateur d’énergie au monde (2432,2 millions de tonnes d’équivalent pétrole), devant les États-Unis (2 285,7). Certes, dans le détail, au niveau pétrolier, les États-Unis (21,1 %) ont consommé l’année dernière presque le double de la Chine (10,6 %). Le rapport constate que l’énergie chinoise repose largement sur le charbon puisqu’elle a consommé 48,2 % du charbon mondial en 2010, très loin devant les États-Unis (14,8 %). La Chine est aussi le premier consommateur mondial d’hydroélectricité (21 %). En revanche, elle est très peu utilisatrice d’énergie renouvelable (7,6 % de la consommation mondiale), derrière les États-Unis (24,7 %) et l’Allemagne (11,7 %).
J.-F. T.