Selon un rapport
de l’assureur crédit Coface, les industries de l’agroalimentaire font face, depuis juin 2010, à un emballement des cours des
matières premières. Ce dont souffrent plus particulièrement les PME du secteur.
Résultat, les prix des denrées alimentaires sont affectés partout
dans le monde, et particulièrement dans les pays émergents. A l’exception du riz, tous les produits ont
affiché, entre août 2010 et août 2011, des hausses allant de plus de 15% pour
la viande et les produits laitiers, jusqu’à 26% pour les céréales, et 50% pour
le sucre. En plus d’une part spéculative
élevée, plusieurs facteurs contribuent à cette hausse. La demande progresse,
soutenue par l’élargissement des classes moyennes dans les pays émergents et par
un changement de leurs habitudes alimentaires. D’autre part, les aléas
climatiques et la vente des terres à des puissances émergentes, au détriment
des cultures locales, favorisent la volatilité des prix et le manque de
transparence des stocks.
Les PME vont plus souffrir que les grands groupes
Dans ce contexte, « les marges
et les trésoreries des entreprises seront plus ou moins sous tension, selon
leur capacité à répercuter les hausses de prix sur leurs clients, grossistes et
distributeurs », prévoit la
Coface. « Les PME s’avèrent être moins préparées à la maîtrise
de la volatilité des coûts que les grands groupes internationaux « . Ces derniers ont recours à des
contrats de couverture et possèdent des marges de manœuvre importantes pour
améliorer la productivité. D’ailleurs, les résultats trimestriels des géants de
l’agroalimentaire (Nestlé, Danone, Kraft Foods…) montrent qu’ils absorbent une
partie de la flambée du coût des matières premières. Leur présence sur les marchés
porteurs (Brésil, Chine, Russie, Inde…) leur permet en outre de s’approvisionner en
matières premières au meilleur prix.
A l’inverse des grands groupes,
l’implantation majoritairement locale des PME agroalimentaires les confronte
soit à un développement peu dynamique dans de nombreux pays avancés, soit à la
récession dans les pays de la périphérie de la zone euro.
Les perspectives de la Coface sont peu
optimistes : au second semestre 2011 et en 2012 les prix des matières
premières agricoles resteront élevés malgré la baisse des cours depuis août
dernier et en dépit du ralentissement attendu de l’économie mondiale. Cette
situation provoquera « une augmentation des défaillances des entreprises
les plus fragiles ». L’indice des incidents de paiement de Coface pour les
industries agroalimentaires progresse depuis janvier 2011, en ligne avec la
hausse des prix des matières premières.
Des prévisions régionales diverses
En Europe, le bilan
2011 s’annonce « très mitigé en Europe occidentale puisque les
dépenses de consommation devraient ralentir », particulièrement au Royaume-Uni, en Grèce, au Portugal
ou encore en Irlande. Cela devrait engendrer une accélération des faillites. En Europe de l’Est,
la tendance est plus optimiste, avec une croissance du PIB qui devrait atteindre 3,8%.
Le Japon, dépendant à 60% des importations pour sa consommation autre que de riz, peine
de plus en plus à exporter en raison de la forte parité du yen. Ce phénomène
s’est accentué depuis la catastrophe de Fukushima en mars 2011. Les industries
japonaises sont donc fragiles avec une consommation des ménages prévue en baisse pour 2011.
En Chine, le secteur agroalimentaire fait face à deux risques
majeurs : la sécurité alimentaire qui entraîne un déficit d’image auprès
du consommateur chinois et l’inflation particulièrement forte. Pour sa part, le Brésil est devenu un grand exportateur de matières premières
agricoles, et ses grands groupes agroalimentaires sont très
actifs à l’international. Pourtant, malgré les pressions baissières sur le real depuis août 2011, la devise
brésilienne reste à un niveau élevé, ce qui handicape les exportations des industriels locaux.
Alix Cauchoix
Moci pratique:
Voir nos informations sur l’agroalimentaire dans le GPS Business, tapez « agroalimentaire » dans « Quoi? » et sélectionnez un pays dans « Où? ».