Le commerce de la France reste très européen, voire casanier ! Ainsi, elle réalise près de la moitié des flux commerciaux avec des pays européens, majoritairement frontaliers. C’est ce que révèle la dernière étude mensuelle de la Douane française consacrée aux échanges (import-export) de la France avec les pays frontaliers*, parue le 6 janvier. En effet, les exportations de l’Hexagone vers ces pays représentaient 48 % des ventes françaises en 2015, année sur laquelle se base les douanes dans leur étude, et les importations 46 % des achats.
L’Allemagne, premier partenaire « frontalier » de la France
Parmi les pays voisins limitrophes de la France, l’Allemagne constitue son premier partenaire commercial. Elle est son premier fournisseur – les importations françaises en provenance d’Allemagne se sont élevées à 87,03 milliards d’euros en 2015 – mais également son premier client avec des exportations de 71,42 milliards d’euros. L’Italie est le deuxième partenaire commercial de la France. Les flux commerciaux entre les deux voisins ont généré des échanges d’une valeur de 69,71 milliards d’euros (37,75 milliards d’euros d’importations et 31,96 milliards d’euros d’exportations). La Belgique pèse également dans le commerce transfrontalier. Les échanges bilatéraux s’élevaient ainsi à 67,22 milliards d’euros. L’Espagne et le Royaume-Uni sont respectivement 4ème et 5ème partenaire de la France avec des flux d’échanges respectifs de 64,11 milliards d’euros et 51,13 milliards. La Suisse (13,84 milliards d’euros d’exportations et 14,17 milliards d’importations) figure également en bonne place parmi les partenaires frontaliers de la France, « du fait probablement de sa proximité géographique et linguistique », estime la Douane.
Selon, les « modèles dits de gravité », auxquels l’étude se réfère, « l’intensité des échanges entre les pays dépend notamment de la distance séparant les deux pays et de leur taille. La géographie devient donc un élément central d’explication des échanges bilatéraux ».
Le poids des pays frontaliers tend à diminuer au profit de l’Asie
Toutefois, l’étude observe que « la libéralisation des échanges (accords commerciaux multinationaux ou bilatéraux), les progrès logistiques et l’abaissement des coûts de transport contribuent à diminuer le poids des pays frontaliers dans le commerce de la France ». Au cours des dix dernières années, une lente érosion du poids des frontaliers dans les échanges avec la France est apparue. Cette érosion s’explique selon la Douane par la relative faiblesse de la croissance européenne qui conduit à un redéploiement du commerce de la France vers les zones à forte croissance, notamment vers l’Asie. Cette région comptait pour 17 % des importations françaises en 2015. La place de l’Asie et notamment de la Chine dans les échanges de la France, souligne l’étude, « ne cesse de croître ». Les importations françaises de produits chinois ont ainsi atteint 46,95 milliards d’euros et les exportations de biens tricolores 18,02 milliards d’euros en 2015.
L’automobile pèse dans le commerce transfrontalier
Dans son étude mensuelle, la Douane s’intéresse également à la nature des biens échangés entre les pays partenaires. L’analyse des douanes montre que l’industrie automobile « qui a connu des vagues de délocalisation plus anciennes, s’exporte peu en dehors des pays européens ». Les véhicules automobiles figurent ainsi parmi les premières marchandises expédiées vers les pays frontaliers. De même, les biens intermédiaires (plastiques/caoutchouc, métallurgie et bois/papier) s’exportent davantage vers les pays voisins (15 %, contre 11 % vers les pays non frontaliers), « en raison notamment de la présence historique de la sidérurgie et de la place de la construction automobile en Europe », explique l’étude. Les livraisons aéronautiques sont elles principalement destinées aux pays « non frontaliers » d’Asie et du Proche et Moyen-Orient. Celles-ci représentent 17 % des exportations vers ces pays, contre seulement 9 % des ventes aux pays frontaliers (essentiellement l’Allemagne dans le cadre de la fabrication coordonnée d’Airbus).
À l’importation, les achats de produits informatiques et de textiles/habillement/chaussures proviennent davantage des pays lointains, notamment d’Asie. En effet, comme le rappellent les douanes, « ces industries très concurrentielles ont quasiment disparu en Europe et ont été délocalisées dans les pays à faible coût de main d’œuvre ». Enfin, les échanges avec les pays non frontaliers se caractérisent également par le poids important des approvisionnements d’hydrocarbures naturels.
Venice Affre
*Méthodologie : la Douane étudie dans son étude les pays frontaliers de la France suivants : Allemagne, Espagne, Italie, Belgique, Suisse, Royaume-Uni, Luxembourg et Andorre.
Pour en savoir plus :
Consultez l’étude de la Douane en fichier attaché ci-dessous
Pour prolonger :
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