Depuis mai dernier, l´université de Delhi (Inde), l´une des plus grandes universités indiennes, a été admise au sein de l´Agence universitaire de la francophonie (AUF) comme membre associé, c´est le deuxième établissement indien accédant à ce statut après l´Institut français de Pondichéry.
Deux membres en Inde, un pays où le français est pourtant la première langue étrangère enseignée (l´anglais n´a pas le statut de langue étrangère). Si on considère que le Vietnam en compte dix et la Chine, cinq, on devine que l´AUF, dont la mission, entre autres, est de développer des réseaux et des filières universitaires francophones dans le monde, a encore une marge de progression importante dans ce pays qui compte 14 millions d´étudiants. L´université de Delhi, l´une des plus grandes du pays, accueille plus de 300 000 étudiants, répartis dans plus de 80 « colleges », et des dizaines de facultés. Son offre de formation est très riche. Plus de 1 300 étudiants sont inscrits au département de français et suivent des programmes de licence ou de master. Une manne pour la France qui aimerait bien faire fructifier le contingent de jeunes Indiens venant étudier dans ses universités et grandes écoles. À ce jour, seulement 1 400 Indiens sont accueillis dans les universités et les grandes écoles françaises, alors que le contingent chinois dépassait déjà 20 000 en 2007-2008.
La France n´arrive qu´au 15e rang des pays qui reçoivent des étudiants indiens et cette population n´est que la 54e à être reçue en France. En 2007-2008, les étudiants indiens étaient 655 à avoir choisi une université française, soit 0,36 % du contingent indien total à l´étranger. En 2008-2009, ils étaient 661 – la progression profite surtout au niveau doctorat et aux sciences.
La Conférence des grandes écoles fait également état d´une progression des effectifs indiens dans ses écoles membres. L´enquête qu´elle mène tous les deux ans depuis 2001 comptabilise 741 étudiants indiens inscrits dans les grandes écoles pour la période 2007-2008, soit 53,1 % des étudiants indiens en France, alors que le pourcentage d´étudiants chinois inscrits en grandes écoles ne dépasse pas 12,6 %.
En partenariat avec CampusFrance, l´agence dédiée à la promotion de l´enseignement supérieur français à l´étranger, les grandes écoles et universités françaises ont intensifié les accords signés avec leurs homologues indiens. Rien qu´en 2006, 50 délégations françaises se sont rendues en Inde pour finaliser des partenariats. Ainsi, la Conférence des présidents d´université (CPU), la Conférence des directeurs des écoles françaises d´ingénieurs (CDEFI) et l´Association of Indian Universities (AIU) se sont mis d´accord pour développer les échanges d´enseignants, de chercheurs, d´étudiants et d´œuvrer à une reconnaissance mutuelle de leurs diplômes.
L´Essec, qui accueille actuellement 41 étudiants indiens, a lancé le mouvement en 2006 en signant avec l´Indian Institute of management d´Ahmedabad le premier partenariat de double diplôme entre un établissement français et une école indienne. Et l´université de Delhi a signé des accords avec l´université Joseph-Fourier de Grenoble, l´École Polytechnique, l´université Paris 11 et l´École centrale de Nantes. De son côté, l´ESCP-Europe a passé un accord de réciprocité avec le Management Development Institute de New Delhi afin de développer la mobilité étudiante et enseignante entre l´Inde et la France.
Sylvette Figari
Chiffres-clés
Inde
• 1,17 milliard d´habitants en 2007
• 14 millions d´étudiants
• 350 000 ingénieurs formés chaque année
• Aux États-Unis, 38 % des médecins, 36 % des employés de la Nasa, 34 % des employés de Microsoft et 12 % des scientifiques sont Indiens
Peut mieux faire en matière d´accueil et d´anglais
L´image des établissements français en Inde est plutôt mauvaise. En cause l´absence de cours enseignés en anglais et la qualité de l´accueil. Pour répondre à la première critique, CampusFrance a recensé dans un catalogue 600 formations de niveau master en anglais, avec un moteur de recherche sur le site www.campusfrance.org. Quant à l´amélioration de l´accueil, elle passe par un projet de création de « Maisons de l´Inde » en France. En perspective également, une mobilisation de la communauté indienne, un effort financier pour l´octroi de bourses, et le développement de l´enseignement à distance qui est une spécificité indienne depuis près de quarante ans. Par exemple, l´Indira Ghandi Open University offre 43 programmes dans divers domaines, distribués à travers le pays dans 19 centres régionaux et 346 centres d´études.
S. F.