Depuis 2008, les entreprises de l’Hexagone sont moins nombreuses à réaliser une part de leur chiffre d’affaires à l’export, tel est le principal constat relevé par l’étude sur les entreprises exportatrices françaises, publiée par le pôle « études et statistiques économiques » de la société spécialisée dans l’information BtoB Ellisphere (anciennement Coface Services) et dont Le Moci a eu l’entière exclusivité.
Intitulée « Portrait des entreprises exportatrices françaises« , cette étude, la 17ème publiée par l’Observatoire de l’économie d’Ellisphere, a été menée auprès de 995 000 entreprises basées en France et ayant déclaré un chiffre d’affaires (à l’export ou non) supérieur à 0 euro. L’étude s’appuie sur le dernier bilan social disponible et publié au greffe du Tribunal de commerce par les entreprises entre 2008 et 2012. L’effectif des entreprises n’est pas renseigné car l’effectif fourni sur les annexes du bilan des entreprises n’est pas systématiquement renseigné, précise l’Observatoire.
L’étude montre que la part relative des entreprises ayant déclaré un chiffre d’affaires à l’export est en baisse continue sur la période 2008-2012 : ainsi la part de ces entreprises est passée de 14,3 % en 2008 à 12,3 % en 2012. Un recul qui peut s’expliquer, d’une part, par le manque de compétitivité des entreprises françaises, – certaines entreprises ont mis fin à leur activité à l’export – et d’autre par la crise économique et financière. « L’effet de la crise est indéniable », affirme au Moci Franck Paquotte, auteur de l’étude et chargé d’études statistiques et partenariats chez Ellisphere. « Le choc de la crise est d’autant plus ressenti par les entreprises qui venaient seulement de démarrer une activité à l’export », souligne Franck Paquotte. Les entreprises déjà implantées à l’international de longue date ont moins subi le contrecoup de la crise.
L’étude montre, par ailleurs, que les sociétés plus matures ont une activité à l’étranger plus importante. « En France, résume Franck Paquotte, au bout de 10 ans d’existence, les entreprises abordent le marché extérieur soit en investissant une partie de leur capital soit en s’associant à des partenaires locaux dans le pays d’implantation pour atteindre une taille critique.»
Les entreprises plus âgées exportent davantage
L’étude montre encore que plus les entreprises sont anciennes, plus elles exportent. Ainsi, 63 % des entreprises exportatrices ont dépassé les 10 ans d’existence et 35,3 % des entreprises de plus de 20 ans d’ancienneté ont déclaré un chiffre d’affaires export contre 5,8 % pour celles de moins de 3 ans. *
« Plus les sociétés ont d’ancienneté sur les marchés, plus elles exportent en volume et en valeur », explique Franck Paquotte. La part du chiffre d’affaires déclaré à l’export monte en puissance au-delà de 5 ans d’existence. Les sociétés de plus de 20 ans cumulent 63 % du chiffre d’affaires export en valeur de l’ensemble des entreprises qui ont déclaré un chiffre d’affaires export (116 700 sociétés à fin 2012).
Les entreprises de première génération, fortes de leur succès commercial en France, ont su trouver des relais de croissance sur les marchés externes tandis que les jeunes entreprises peinent à percer à l’export. Les entreprises anciennes sont plus résilientes car elles ont su chercher une croissance externe (rachats, fusions et ouverture de succursales à l’étranger) et ont une capacité d’investissement que n’ont pas les start-up. À l’inverse, la seconde génération d’entreprises peine à exporter son savoir-faire. Pourtant, « en France, l’invention est élevée », précise Franck Paquotte. En 2013, la France, avec 12 200 dépôts de brevets, se classait sixième à l’échelle mondiale au sein de l’ensemble des pays demandeurs de brevet auprès de l’Office européen des brevets (OEB) derrière les États-Unis n° 1, le Japon, l’Allemagne, la Chine et la Corée du Sud. Les petites entreprises ont souvent une forte capacité d’innovation, mais ont du mal à trouver preneur à l’export alors qu’elles pourraient gagner des parts de marché.
Autre constat, la part du chiffre d’affaires à l’export de ces mêmes entreprises s’est effritée, passant de 13 % en 2008 à 11,8 % en 2012. « Cette baisse de près d’un point de pourcentage n’est pas catastrophique, mais nous sommes dans un monde de plus en plus globalisé et cette baisse arrive en contre-courant de ce qu’on devrait avoir. Les entreprises françaises ont de plus en plus de mal à conquérir des parts de marché à l’international. Et les jeunes entreprises ont encore plus de mal que leurs aînées et perdent des parts de marché !», remarque Franck Paquotte.
La chimie en tête des secteurs qui s’exportent le mieux
Le rapport étudie également les entreprises exportatrices classées par secteur. L’étude recense, à fin 2012, 116 900 entreprises ayant déclaré un chiffre d’affaires à l’export et réparties dans 22 secteurs d’activité : du bois, papier, carton et imprimerie à l’agroalimentaire en passant par les télécommunications ou le textile, habillement, cuir.
Il en ressort que la moitié des entreprises (50,4 %) issues du secteur des produits minéraux et de la chimie exportent. Un résultat sans véritable surprise. Rappelons que l’industrie chimique a contribué en 2013 à l’excédent de la balance du commerce extérieur de la France. L’export représente 14,7 % du chiffre d’affaires global de ces entreprises.
Viennent en deuxième position les industries des biens d’équipement industriels qui sont 35 % à déclarer un chiffre d’affaires export, lequel représente 25,6 % du total de leur chiffre d’affaires. À la troisième place se trouvent les entreprises des métaux : 34,2 % d’entre elles réalisent une part de leur chiffre d’affaires à l’exportation, cependant cette part ne s’élève qu’à 4,8 %.
Les sociétés de services aux entreprises et de moyens de transport réalisent, elles, respectivement 31,8 % et 30,4 % de leur chiffre d’affaires à l’international toutefois, seules 14,3 % des sociétés de services aux entreprises sont présentes à l’export et 15,7 % pour les sociétés travaillant dans les moyens de transports.
« Les PME débutent souvent l’export par les pays limitrophes et vont ensuite sur le grand export, mais n’ont pas toujours les outils techniques et la capacité financière pour aller sur le grand export », informe Franck Paquotte. « Il faut avoir une trésorerie suffisamment solide et une structure financière pour affronter le grand export », conclut-t-il.
Venice Affre