Au premier jour de la première visite d’État à l’étranger de Cheikh Mohamed Bin Zayad Al Nahyane, le président des Émirats arabes unis, à Paris (17-19 juillet), et en marge du dîner d’État organisé au Grand Trianon à Versailles en son honneur par le président Emmanuel Macron, un accord de partenariat stratégique global a été signé dans le domaine de la coopération énergétique. Un domaine particulièrement sensible dans la conjoncture actuelle de flambée des prix des hydrocarbures.
Cet accord, annoncé par un communiqué de Bercy le 18 juillet, a été paraphé côté français par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, et Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, et côté émirati par Sultan Al-Jaber, ministre de l’Industrie et des technologies avancées et envoyé spécial pour le climat des Emirats arabes unis, signe d’un engagement de haut niveau.
Ce partenariat s’inscrit dans une dynamique de rapprochement entre les deux pays que la Covid-19 a juste ralenti : rappelons qu’en décembre dernier, à l’occasion d’une visite éclair du président Macron, les Émirats arabes unis ont signé une commande record de 80 Rafale pour renouveler la flotte de leur armée de l’air, composée de Mirage 2000. Et la France s’est particulièrement investi pour animer son pavillon durant l’Expo Dubai 2020, qui a fermé ses portes en mars dernier.
Membre influent de l’Opep, les Émirats arabes uni, 11 millions d’habitants, sont assis sur de confortables réserves d’hydrocarbures : producteur de pétrole (principalement assuré par l’émirat d’Abu Dhabi), ils ont récemment augmenté leur production dans le cadre des objectifs arrêtés par l’Opep et 13 autres pays producteurs (accord dits Opep+) à plus de 3,1 millions de barils/jour.
Sécuriser les approvisionnements
et identifier des projets d’investissement communs
Cet accord, indique d’ailleurs le communiqué de Bercy, « illustre les relations d’amitiés et de coopération entre nos deux pays, et leur volonté de renforcer leur coopération dans le domaine énergétique ». Son objectif est « d’identifier les projets d’investissements communs en France, aux Émirats arabes unis ou ailleurs dans le monde dans les domaines de l’hydrogène, des énergies renouvelables ou encore de l’énergie nucléaire ».
Autrement dit, les deux pays pourront s’engager ensemble dans des projets qui visent leurs propres marchés respectifs, mais aussi des marchés tiers. Et s’il s’inscrit dans une vision à long terme, il prend un sens particulier compte tenu de la crise énergétique que traverse le monde, et notamment l’Europe, actuellement. « L’accord que nous signons avec les Emirats arabes unis revêt une double importance stratégique : il nous permet de faire face aux enjeux pressants de la sécurité énergétique à court terme, tout en préparant un avenir décarboné » a commenté Bruno Le Maire dans le communiqué.
De fait, le communiqué de Bercy précise que « cet accord permettra, dans le contexte énergétique actuel incertain, de créer un cadre stable de long terme pour cette coopération, d’ouvrir la voie à de nouveaux contrats industriels et d’identifier de futurs projets d’investissements communs ». L’accord évoque la perspective de création d’ un fonds bilatéral dédié au financement de projets verts. « Cet accord scelle un approfondissement de la coopération énergétique de la France et des Emirats arabes unis, estime Agnès Pannier-Runacher dans le communiqué. C’est une étape importante pour la sécurisation de nos approvisionnements, mais aussi pour créer des partenariats industriels et travailler ensemble vers un modèle énergétique décarboné. »
La signature d’autres accords commerciaux intéressant le secteur énergétique est prévue dans le cadre de cette visite : un accord global entre le pétrolier français TotalEnergies et la compagnie émirati ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company) pour une coopération dans le domaine de l’approvisionnement énergétique, et un accord entre la société d’ingénierie Technip Energies et NPCC (National Petroleum Construction Company) permettant la création d’une coentreprise, NT Energies, « afin de développer des projets de la transition énergétique aux Emirats Arabes Unis et dans des pays tiers ».
Selon des informations de l’Elysée reprise par la presse économique française, un accord bilatéral vise par ailleurs à garantir le volume des fourniture de diesel à la France.
A suivre