Le Think Tank La Fabrique de l’exportation, pro-européen, libéral et favorable à un libre-échange ouvert mais régulé, vient de livrer son décryptage du programme de la Nupes (nom de la nouvelle coalition formée à gauche pour les législatives et associant la France insoumise, le parti communiste, EELV et le PS) sur les questions de commerce international. Sans surprise, il en critique la plupart des aspects. Précisons qu’il ne livrera pas d’analyse critique de ceux des partis « Ensemble » et LR, faute de contenu spécifique dans le programme de ces formations.
D’entrée, précisons que Le Moci a demandé à la Fabrique de l’Exportation s’il y aurait une analyse critique des programmes du mouvement macroniste « Ensemble » et de LR (Les Républicains), positionnés respectivement au centre et à droite sur l’échiquier politique français. Ce n’est pas le cas car le « programme LR ne contient rien sur le sujet », et « Ensemble n’a pas formalisé son programme non plus » nous a-t-on répondu par mail. En revanche, le Think Tank doit publier prochainement « un bilan critique des mesures de commerce international sous la présidence Macron ».
Pour l’heure, et sans surprise compte tenu du positionnement libéral de la Fabrique de l’exportation, son analyse du programme de la Nupes aboutit à une critique en règle de la plupart de ses orientations économiques.
Inquiet de l’arrivée d’un « État dirigiste »
L’analyse critique du programme du Rassemblement national entre les deux tours par la Fabrique de l’exportation, avait été très ciblée sur les thématiques liées au commerce international et aux enjeux de l’internationalisation. Son parti pris cette fois-ci a été de passer en revue toutes les propositions de la Nupes ayant un impact économique, y compris celles n’ayant pas un lien direct avec le commerce international ou la position internationale de la France stricto-sensu.
« L’application du programme de la Nupes aurait en effet pour première conséquence concrète une réduction significative de la compétitivité des entreprises françaises, et par là de la capacité productive et exportatrice du pays », justifient les auteurs. « Par ailleurs sa ligne directrice est celle d’un renforcement considérable du rôle de la puissance publique, un État dirigiste, dans un monde qui demande au contraire de la réactivité, des coopérations avec les acteurs privés, le travail en réseau, l’ouverture aux technologies et talents disponibles dans les tous secteurs et pays. »
Le texte s’inquiète de la dégradation de la compétitivité du tissu productif français qui résulterait de la suppression des mesures de soutien aux entreprises mises en place depuis 2012, « rebaptisées cadeaux fiscaux », mais aussi de la hausse des coûts induite par certains choix sociaux (temps de travail, retraite) et énergétiques (sortie du nucléaire).
La Fabrique de l’exportation fustige également le fait que le programme de la Nupes « marginalise l’initiative privée » au profit d’un État ayant « vocation à devenir l’initiateur et l’organisateur du renouveau industriel et productif ». Et dénonce sur d’autres sujets (industrie, recherche…) un programme reposant « sur des postures, en décrétant des objectifs sans se soucier des conditions permettant de les atteindre ».
Risque d’affaiblissement de la France
Sur le sujet de « l’insertion internationale de la France », la Fabrique de l’exportation est également sévère : « Le programme s’affranchit des engagements de la France envers ses partenaires et les institutions européennes, dans une Europe ‘à la carte’ où les dispositions jugées défavorables pourraient être reniées » estime le Think Tank. Le programme de la Nupes « refuse à l’avance et a priori tout nouvel accord de libre-échange », les estimant contraires à ses objectifs écologiques et alimentant le dumping social et les délocalisations.
Une erreur, pour la Fabrique de l’exportation : « il vaut probablement mieux transformer les accords de libre-échange pour en faire de meilleurs régulateurs du commerce et des économies, plutôt que de s’en retirer ou de décréter qu’on n’en signera plus ». Et de conclure que ce programme de la Nupes « porte donc les bases d’un affaiblissement considérable de la France dans ses échanges internationaux, et de sa capacité à dégager de la richesse et de la prospérité grâce au commerce ».
Christine Gilguy
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