Au lieu des 3,6 % de hausse du PIB mondial encore envisagés en avril pour 2022, le FMI anticipe désormais une croissance de 3,2 % et de 2,9 % pour 2023. En cause, une inflation plus forte que prévue aux Etats-Unis et en Europe qui fait craindre une récession avec, en toile de fond, une fragmentation du commerce mondial.
Alors qu’en 2021 une timide reprise laissait entrevoir des jours meilleurs, les poussées de Covid-19 en Chine et les répercussions de la guerre en Ukraine ont douché tout espoir d’une sortie de crise rapide. Pour la première fois depuis 2020, la production mondiale s’est en effet contractée au deuxième trimestre, soulignent la dernière édition des Perspectives de l’économie mondial du FMI, sous-titrées « un avenir sombre et incertain ».
La flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, ainsi que des déséquilibres persistants entre l’offre et la demande ont fait grimper l’inflation. Même si, estime le FMI, les politiques monétaires devraient faire leur effet en 2023, elle devrait atteindre cette année 6,6 % dans les pays avancés et jusqu’à 9,5 % dans les pays émergents, soit une révision à la hausse de 0,9 et 0,8 point de pourcentage.
Des perspectives de croissance revues partout à la baisse
Aux Etats-Unis, le resserrement de la politique budgétaire et la baisse du pouvoir d’achat des ménages ont entraîné une révision de la croissance de 1,4 point de pourcentage, à 2,3 % tandis qu’elle devrait plafonner à 1 % l’année suivante. La zone euro devrait enregistrer des performances légèrement supérieures (2,6 % en 2023 et 1,2 % l’année suivante).
En Chine, à la suite des reconfinements et de l’aggravation de la crise de l’immobilier, la croissance a été révisée à la baisse de 1,1 point de pourcentage (3,3 % en 2022 et 4,6 % en 2023), avec des répercussions majeures à l’échelle mondiale. A rebours de ces révisions à la baisse, l’économie russe devrait faire mieux qu’attendu en raison du maintien des exportations de pétrole brut. Alors qu’en avril, le FMI projetait une chute de 8,5 % de son PIB, elle est aujourd’hui de 6 %.
Vers un risque de fragmentation de l’économie mondiale ?
Dans un contexte qui voir reculer la demande mondiale et se maintenir les problèmes sur les chaînes d’approvisionnement, le FMI anticipe une décélération du commerce mondial qui devrait « ralentir plus que prévu » en 2022 et 2023. « De plus, l’appréciation du dollar en 2022 — de 5 % environ en termes effectifs nominaux en juin par rapport à décembre 2021 –– a sans doute ralenti la croissance du commerce mondial, compte tenu du rôle dominant du dollar dans la facturation des échanges commerciaux ainsi que des effets financiers et des effets de bilan négatifs sur la demande et les importations dans les pays endettés en dollars. »
En outre, même si les relocalisations attendues n’ont pas eu lieu et que le commerce international s’est montré résilient depuis le début de la crise sanitaire, les analystes du FMI craignent que l’actuelle guerre en Ukraine ne fragmente l’économie mondiale « en blocs géopolitiques dotés chacun de ses normes technologiques, de ses systèmes de paiement transfrontaliers et de sa monnaie de réserve ».
Bref, entre une pandémie qui traîne en longueur et une guerre partie pour s’enliser, le monde se prépare effectivement à « un avenir sombre et incertain ».
Sophie Creusillet
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