Le commerce mondial a atteint un niveau record de 33 000 milliards de dollars en 2024, enregistrant une croissance de 3,7 % (1 200 milliards de dollars), selon la dernière mise à jour du commerce mondial (Global Trade Update en anglais) de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced). Revue des principales tendances dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
Les services ont été le principal moteur de cette croissance, avec une hausse de 9 % sur l’année, représentant 700 milliards de dollars, soit près de 60 % de la croissance totale. Le commerce des biens a progressé de 2 %, soit 500 milliards de dollars supplémentaires.
La croissance du commerce varie néanmoins selon les secteurs : l’agroalimentaire, les technologies de la communication et les transports ont progressé, tandis que l’énergie, l’habillement et les industries extractives ont ralenti. Et ce, « en raison de l’affaiblissement de la demande et des changements de politique », analyse la Cnuced dans une note publiée en fin de semaine dernière.
Sur le plan géographique, la tendance est loin d’être uniforme. « Les économies en développement ont surpassé les pays développés, avec une hausse des importations et des exportations de 4 % sur l’année », explique ainsi cette note, précisant que le commerce « Sud-Sud » a progressé de 5 % sur l’année. Au contraire, les statistiques des pays développés ont « stagné, leurs importations et exportations étant restées inchangées sur l’année », note la Cnuced.
Dans le détail, la Chine et l’Inde ont affiché des performances supérieures à la moyenne mondiale, quand le commerce en Russie, en Afrique du Sud et au Brésil est resté atone une grande partie de l’année. 2024 a par ailleurs marqué un creusement des déséquilibres commerciaux entre les grands blocs. Le déficit commercial des États-Unis a ainsi augmenté, de même que l’excédent chinois, tandis que l’Union européenne est devenue excédentaire en raison de l’évolution des prix de l’énergie.
Autre enseignement : les tendances post-Covid du nearshoring (commerce avec le voisinage) et du friendshoring (commerce entre partenaires partageant les mêmes valeurs) semblent s’essouffler.
« Au lieu de consolider leurs chaînes d’approvisionnement, les entreprises diversifient désormais leurs réseaux commerciaux dans plusieurs régions afin de réduire les risques, ce qui crée des opportunités mais accroît la complexité », précise la Cnuced.
La structure onusienne note enfin que l’élan commercial mondial s’est essoufflé au deuxième semestre 2024 et s’inquiète de « l’incertitude » qui plane sur le commerce, en particulier de marchandises, qui pourrait brider la croissance en 2025.
Sans le mentionner explicitement, la Cnuced cible les menaces agitées et les conflits commerciaux concrètement lancés par Donald Trump depuis son investiture en janvier. Plus généralement, les auteurs de cette note pointent l’augmentation des droits de douane, des subventions et des sommes allouées aux politiques commerciales comme autant de facteurs susceptibles de casser la croissance des échanges en 2025, et appelle à « éviter la fragmentation mondiale ».