Mis à l’arrêt au début de la crise sanitaire, les échanges mondiaux de marchandises ont depuis dépassé leur niveau prépandémique. Ils devraient largement contribuer à la reprise de l’économie mondiale, selon une récente étude de DHL.
On le croyait à terre, il fait finalement montre d’une surprenante résistance. Après avoir plongé de 14 % en volume entre février et avril 2020, le total des volumes échangés s’est redressé à partir de juin pour finalement afficher de bonnes performances au regard de la situation. Sur l’ensemble de l’année 2020, les échanges mondiaux de marchandises avait ainsi baissé de seulement 5 % en volume et 7 % en valeur. Une gageure après une crise sans précédent.
« Début 2021, le commerce mondial de marchandises dépassait de 5 % son niveau d’avant crise », a relevé Steven Altman (notre photo), auteur de l’indice de connectivité mondiale de DHL lors de la présentation de sa mise à jour le 30 novembre. Cet indice mesure la mondialisation sur la base des flux internationaux d’échanges de marchandises, de capitaux, d’informations et de personnes. Ce rebond est pour le moins inattendu puisqu’en avril 2020, l’OMC tablait sur un effondrement de 13 à 32 % des échanges de bien.
Les échanges de services toujours en retrait
Ce regain est cependant à nuancer : les échanges de services, plombés par les restrictions pesant sur les secteurs du transport de passagers et de l’hôtellerie-restauration, restent à la traîne. En outre, les pays les plus pauvres ne sont pas concernés par cette dynamique : entre 2019 et mi-2021 les échanges de marchandises de ces pays ont baissé de 4 % rappelle l’étude.
Si les échanges internationaux ont retrouvé des couleurs, la composition des exportations mondiales a évolué faisant la part belle au textile (y compris les masques, + 88 % en valeur entre 2019 et 2020), aux métaux précieux à la joaillerie (+ 5 %), aux équipements électriques et électroniques (+ 3 %) ainsi qu’aux produits agricoles et agroalimentaires (+ 3 %).
Des hausses qui se sont faites au détriment des minéraux et produits chimiques (- 0,3 %), des équipements industriels (- 5 %), des métaux (- 8 %), de l’habillement (- 14 %), de l’automobile (- 14 %), des combustibles minéraux (-31 %) et de l’aéronautique (- 36 %).
L’Asie mène la danse
Tous secteurs confondus ce sont les exportations asiatiques qui se montrent les plus dynamiques (+ 15 % sur la période 2019-2021 selon l’OMC), loin devant l’Amérique du Sud (+ 2 %), l’Europe (+ 1 %), l’Amérique du Nord (- 1%), l’Afrique (- 2 %) et le Moyen-Orient (- 7 %). Par-delà ces chiffres, se pose la question de la contribution du commerce international à la croissance. A cet égard, l’étude de DHL montre que cette dernière est nettement repartie à la hausse en en 2021.
Alors qu’en 2020, un quart de la richesse mondiale provenait des exportations de biens et de services, cette part devrait s’approcher de 30 % d’ici à 2022 sans toutefois dépasser le pic atteint en 2008, avant la crise financière. La croissance mondiale pourra alors s’appuyer sur une forte reprise des exportations de biens (+ 23 % en valeur en 2021 et + 8 % en 2022 selon le FMI).
Les exportations de services devraient elles aussi reprendre de la vigueur (+ 13 % en valeur en 2021 et + 12 % en 2022).
Toutes ces prévisions restent cependant suspendues à l’évolution de la situation sanitaire. En outre, la vigueur retrouvée des échanges mondiaux pourrait se heurter à un fort regain de protectionnisme, souligne l’étude de DHL. Et qu’il s’agisse de raisons sanitaires ou politiques le commerce n’a jamais fait bon ménage avec le repli sur soi.
Sophie Creusillet