« Au début de l’été,
l’automobile française devrait connaître une situation critique », a
expliqué Patrice Vaslot, expert du cabinet Décision, le 26 mai, à l’occasion
d’un déjeuner de presse sur le prochain Salon international de la sous-traitance
industrielle Midest (Paris, 15-18 novembre).
Aux lendemains de la catastrophe
naturelle, qui a touché le Japon, le 11 mars, la société d’études et de conseil
Décision a été mandatée par le ministère de l’Industrie pour évaluer la
vulnérabilité de l’industrie française et l’impact du tremblement de terre et
du tsunami sur ses approvisionnements en matériaux et composants électroniques.
Et son observation est sans appel : l’automobile va manquer de
micro-contrôleurs (MCU), c’est-à-dire de composants utilisés dans les systèmes
embarqués, comme les contrôleurs de moteurs automobiles.
Ce sont plus particulièrement les
MCU de 8, 16 et 32 bits, dont le constructeur japonais Renesas (http://)
détient 44 % du marché mondial, qui vont manquer. Or, remarque Patrice Vaslot,
« ce fabricant a dû fermer huit de ses usines et il n’y a pas de sources
d’approvisionnement alternatives, auxquelles il soit possible de recourir
rapidement ».
Requalifier des produits auprès
d’autres constructeurs prend du temps, notamment pour des raisons de sécurité.
Résultat : au Japon, l’industrie automobile prévoit déjà une réduction
sensible de la production de deux à trois millions de véhicules. En France, « PSA
et Renault vont devoir retarder la livraison de certains modèles ou convaincre
leurs clients d’accepter certaines options, comme la boîte à vitesse manuelle
au lieu de la boîte automatique », précise Patrice Vaslot. Au regard des
déclarations de Renesas, la situation redeviendrait normale en Europe fin août.
Dans le monde, le Japon possède
une part de marché globale de 14 % sur un marché électronique de 1 170
milliards d’euros. Il détient aussi des positions fortes avec d’autres
produits, comme les composants passifs (60 à 70 % du marché planétaire) et le
silicium 300
millimètres (60 %). Pour le silicium, bien que 25 des 70
usines japonaises soient arrêtées, les industriels ne sont pas inquiets, car
des sources alternatives existent. Hors automobile, l’industrie
française est peu dépendante des fournitures en provenance de l’archipel. Certaines
compagnies de l’aéronautique, de la défense et de la sécurité pourraient,
toutefois, être confrontées à des difficultés mineures d’approvisionnement de
condensateurs aluminium.
En revanche, les distributeurs
semblent être les grands gagnants du marché électronique. « La profession
européenne dispose toujours de stocks. Et les livraisons sont conformes à la
normale », explique-t-on chez Décision. Au premier trimestre, la
distribution européenne a enregistré une hausse de 45 % de son activité. Après
le tremblement de terre et le tsunami au Japon, les industriels ont accéléré le
rythme de leurs achats. Parallèlement, les prix se sont élevés.
A l’autre bout de la chaîne, les
PME sont prises entre les fournisseurs qui imposent des hausses de tarifs et
les clients qui serrent les prix. Une situation, qui, si elle durait plus d’un
an, pourrait être fatale à certaines d’entre elles.
François Pargny