Les énergies renouvelables sont un secteur porteur y compris dans les plus importants pays producteurs d’or noir comme l’Arabie Saoudite. Ainsi, alors que le Royaume saoudien vient de présider le G20 le 21 et 22 novembre dernier, il s’efforce de mettre l’accent sur son engagement dans les énergies renouvelables, comme on a pu le constater lors d’un webinaire organisé le 18 novembre par la Chambre de commerce Franco Arabe et l’Ambassade d’Arabie Saoudite à Paris.
Casser l’image de premier producteur de pétrole
Dans le cadre de son plan national de transformation économique « Vision 2030 », l’Arabie Saoudite fait des énergies renouvelables une priorité pour diversifier ses sources énergétiques et « casser l’image du pays de premier producteur mondial de pétrole » selon Khalid Al-Sheddi, Conseiller Investissement au ministère saoudien des Investissements*.
« Nous souhaitons attirer de plus en plus d’investissements étrangers notamment dans l’énergie renouvelable, améliorer l’environnement des affaires et soutenir un haut niveau de service pour les investisseurs grâce à des réformes ambitieuses et une société ouverte au changement » a-t-il ajouté.
Exemption ou simplification des procédures douanières, allègements fiscaux, prêts du gouvernement, nouveau type de visas pour faciliter l’entrée dans le pays… Autant de mesures incitatives qui devraient bénéficier aux fournisseurs dans certains secteurs économiques, dont les énergies renouvelables.
Dans ce domaine, l’Arabie Saoudite est ambitieuse. « Notre objectif est de couvrir à terme 50% de notre énergie globale par des sources d’énergie verte » a indiqué Fareed Al-Asaly, Conseiller principal du ministère saoudien de l’Énergie.
58 GW d’énergie solaire et éolienne installés à l’horizon 2030
Pour cela, le pays vise à installer une capacité de 58 GW d’énergie renouvelable à l’horizon 2030, dont 43 GW de solaire et 16 GW d’éolien terrestre.
« Les deux premiers cycles de projets lancés par le Renewable Energy Project Development Office (REPDO)** devraient aboutir à une puissance déjà installée de 2,17 GW en 2022 » a souligné François Dao, vice-président Moyen-Orient et Afrique d’EDF Renouvelables.
L’énergéticien français a d’ailleurs remporté deux projets : celui de Dumat Al Jandal d’une capacité de 400 MW, considéré comme le plus grand parc éolien du Moyen-Orient, et de 300 MW de panneaux solaires à Djeddah, la deuxième ville du pays.
Son compatriote Engie se positionne également sur certains projets. « Les opportunités sont énormes pour les grands groupes et les ETI pour participer à ce marché en plein développement » a estimé Turki Alshehri, directeur général d’Engie en Arabie Saoudite.
D’autant que le pays accélère le déploiement de projets dans le domaine. « 5 GW supplémentaires vont bientôt être lancés grâce à un système d’appel d’offres pour des projets de 1 GW qui vont successivement doubler et tripler de capacité » a précisé François Dao.
Un cadre règlementaire adéquat à créer
Depuis 2017, les contrats sur de tels projets sont noués sous la forme de partenariats privé-public (PPP) qui garantissent l’exploitation des installations solaires et éoliennes à long terme, sur au moins 20 ans. « Le prix de rachat de l’électricité par l’État qui oscille entre 16 et 24 dollars US par MWh est très compétitif et beaucoup plus bas qu’en Europe. Quant aux projets, s’ils prennent quelques mois de retard, ils se réalisent aussi beaucoup plus rapidement » a relevé François Dao.
Reste au pays à créer et à instaurer une cadre réglementaire adéquat pour protéger les investissements étrangers dans le pays, notamment dans le secteur des énergies renouvelables. « Le pays doit élaborer une réglementation qui permette d’atteindre concrètement ses objectifs dans l’énergie renouvelable » a confirmé Turki Alshehri.
Bruno Mouly