« Dans le plan
d’orientations stratégiques 2012-2016 que nous avons adopté le 9 octobre, la
priorité absolue est l’Afrique subsaharienne », a révélé Didier Mercier,
le directeur général de l’Agence française de développement (AFD), lors d’un
déjeuner-débat organisé, le 12 octobre, dans les locaux de la CCI de Paris (CCIP) par
le Cian (Conseil des investisseurs français en Afrique).
Ainsi, plus de 60 % de l’effort
financier de l’Etat et 80 % des seules subventions seront distribués au
sous-continent africain sous forme de prêts bonifiés et de subventions dans
quatre secteurs : sécurité alimentaire, infrastructures, éducation et
santé. « Le problème, c’est qu’une grande partie des subventions est déjà
pré-affectée à la santé et l’éducation et que le ministre du Développement
Pascal Canfin, venant du groupe Europe Ecologie Les Verts, veut des projets
dans l’environnement », s’inquiète un familier de l’aide publique au
développement (APD).
Résultat, la marge de manœuvre de
l’AFD pour investir dans d’autres secteurs serait étroite. Une critique
sévère, qui rejoint le constat un peu amer de Pierre Arnaud, administrateur du
Cian à l’AFD et vice-président de la Compagnie fruitière, premier producteur de
fruits de la zone ACP
(Afrique-Caraïbes-Pacifique). Malgré une activité globale qui devrait dépasser
cette année la barre des 7 milliards d’euros, l’AFD, selon lui, « manque
de moyens financiers ». Du coup, cet ancien directeur général de Proparco,
filiale de l’AFD pour le secteur privé,
s’interroge sur l’utilité « de continuer à alimenter le Fonds
européen de développement (Fed) ».
Pierre Arnaud se dit conscient
que « le multilatéral permet d’agir parfois là où un seul État ne peut le
faire pour des raisons politiques ». Mais il note aussi que tous les fonds
du 10ème Fed (22 milliards d’euros sur cinq ans au total) ne sont pas
décaissés. Selon lui, certaines opérations toujours en suspens datent d’une quinzaine
d’années et le commissaire européen au Développement en personne, le Letton Andris Piebalgs, « s’est rapproché du Cian pour réfléchir à une plus grande efficacité en termes de décaissement ».
L’AFD
pourrait-elle alors récupérer des ressources du Fed ? Sans répondre
directement à cette question, Didier Mercier a indiqué que l’Union européenne
(UE) avait déjà délégué à son établissement financier un projet d’eau potable
et d’assainissement au Togo, bénéficiant d’une subvention de 40 millions
d’euros. Et le directeur général adjoint de l’AFD d’enfoncer le clou, en
évoquant aussi le partenariat qui vient d’être signé avec l’Australie pour
réaliser de la recherche agronomique en Afrique subsaharienne.
« Nous allons
encore plus loin dans la coopération, souligne Didier Mercier, puisque nous
travaillons dans la santé avec la fondation
Aga Khan, que nous espérons aussi conclure
un accord avec la Fondation Bill
Gates et que nous nous intéressons encore à l’épargne des
migrants » qui est, selon lui, « bien plus importante que
l’APD ».
Avec un montant supérieur à 2,7
milliards d’euros, l’Afrique subsaharienne concentre déjà 40 % du total des
engagements de l’AFD. Une liste de 17 pays pauvres prioritaires
a, d’ailleurs, été dressée. Tous sont situés au sud du Sahara : Mauritanie, Sénégal, Mali, Guinée, Burkina
Faso, Ghana, Togo, Bénin, Niger, Tchad, République centrafricaine, République
démocratique du Congo, Rwanda, Burundi, Comores, Madagascar et Djibouti. Et le plan
d’orientations stratégiques (POS) prévoit qu’ils reçoivent encore 700 millions d’euros
de dons entre 2012 et 2016, devant être concentrés sur les secteurs sociaux.
Les subventions s’élèveront à 500 millions d’euros, soit 94 % de toutes les
subventions consacrées à l’Afrique.
Par ailleurs, pendant la période du POS, l’AFD devrait
« lever, avec des partenaires, 4,9 milliards d’euros dans des pays non
prioritaires », précise son directeur Afrique, Yves Boudot. Vraiment actif dans
40 pays du continent au total, l’AFD est aussi chargée du suivi du dossier de conversion
de la dette du Gabon et des contrats de désendettement et de développement
(C2D) de la Côte d’Ivoire, du Cameroun et du Congo. Soit un allègement global
de 700 millions d’euros devant s’étaler sur la durée du POS. Dans un C2D, dès
que l’Etat africain a remboursé la France, le montant de sa dette est
réinjectée dans les projets d’investissement. D’après Yves Boudot,
« des autorisations de financement pour un montant global de 1,4 milliard
d’euros sont encore prévues pour ces quatre pays ».
François Pargny
Pour en savoir plus:
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1 Le GPS Business du MOCI https://www.lemoci.com/2-gps-business.htm
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2 La librairie du MOCI. Rapport
Cian 2012. Les entreprises françaises et l’Afrique https://www.lemoci.com/0115-85-Librairie.html
3 Guide Business Côte d’Ivoire https://www.lemoci.com/0115-121-Librairie.html