Tenter d’établir une vérité moins pessimiste sur l’ampleur réelle de l’épidémie d’Ebola face à une couverture médiatique jugée catastrophique à cet égard pour le développement économique de toute l’Afrique de l’Ouest : telle est l’initiative inédite que poursuivent Medef International et les Conseillers du commerce extérieurs (CCEF) depuis début septembre. Ainsi, après une première réunion de travail, le 3 septembre, sur l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola en Afrique de l’Ouest (Sierra Leone, Liberia, Guinée), Medef International et le Comité national des CCEF (CNCCEF) organisent une nouvelle rencontre, aujourd’hui 13 novembre, au siège du Medef.
« En réunissant une centaine d’entreprises, notre ambition est de communiquer sur la réalité du terrain, telle qu’elle est et pas seulement comme la presse le rapporte. Ce n’est pas un message pessimiste que nous allons délivrer, même si nous allons identifier les points de blocage pour les entreprises », livre à la Lettre confidentielle une cheville ouvrière de l’évènement, qui sera animé par Marc Rennard, président du Conseil des chefs d’entreprises France-Afrique de l’Ouest de Medef International, et Jean-Marc de Bournonville, président de la Commission Afrique et océan Indien du CNCCEF.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé 13 268 cas de contamination et 4 960 décès. « Cependant, lors de la réunion de septembre, un représentant de l’Institut Pasteur avait bien indiqué que la maladie pouvait être éradiquée en six semaines dans un très grand pays comme le Nigeria. Et c’est ce qui s’est passé. Il faut que l’on sache que l’on peut traiter Ebola dans des conditions sanitaires adéquates », martèle l’interlocuteur de la LC. « On l’a ainsi éradiqué au Nigeria. Il n’y a plus de risque. Mais au Sénégal aussi il n’y a pas de risque, et pourtant, sans véritable raison, le tourisme y a chuté lourdement », déplore-t-il encore.
D’où l’importance des témoignages qui seront apportés demain en audio-conférence par trois décideurs français opérant en Afrique de l’Ouest et présents, notamment, dans certains des pays touchés : Bruno Paret, président de la section Sénégal des CCEF, Alexandre Aubry, représentant des AGS au Liberia, et Bertrand Cochery – entouré de plusieurs CCEF – ambassadeur de France en Guinée.
Il faut absolument « éviter la panique » et « ne pas tomber dans la psychose de certains », affirme également Étienne Giros, président délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian). Selon lui, « les autorités nationales, notamment en France, en sont parfaitement conscientes », et, aux lendemains d’une réunion sur la Guinée, le 17 octobre, au ministère des Affaires étrangères et du développement international (Maedi), il se félicitait de la volonté du Maedi d’associer le secteur privé aux actions publiques de luette contre l’épidémie.
Ainsi, s’agissant de l’hôpital de campagne que la France s’est engagée à installer dans l’est de la Guinée, la réalisation en est confiée à la Croix Rouge en France et, « dans une démarche collaborative », dont le président délégué du Cian se réjouit, le secteur privé est sollicité pour assurer la logistique, une ligne budgétaire de 35 millions d’euros étant prévue pour les actions sur le terrain.
« En cette période difficile, se félicitait encore le Cian dans un communiqué publié le 27 octobre, à l’occasion de la signature d’un partenariat avec son homologue outre-Rhin, l’Association des entreprises germano-africaines (Afrika-Verein), « aucun retrait n’est envisagé, entreprises françaises et allemandes maintiennent leurs activités, témoignant ainsi de leur solidarité historique avec leurs partenaires africains ».
« On est loin des communications ou études sans intérêt genre Standard et Poor’s, qui a imaginé les incidences d’une propagation mondiale hypothétique du virus sur les aéroports en Asie-Pacifique et en Europe », ironise un fin connaisseur du monde africain. D’après le cabinet d’audit international, avec un tel scénario, le chiffre des passagers internationaux dans les aéroports d’Asie-Pacifique diminuerait de 10 % l’an prochain, ne retrouvant son niveau de 2014 que fin 2016. En Europe, la pandémie provoquerait une baisse d’environ 5 % des voyages intra-européens, une perte qui ne serait comblée qu’en 2016. Un scénario jugé ridicule dans l’Hexagone.
François Pargny
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