La Suisse
est de nouveau en tête des pays innovants en Europe et peut être une terre d’innovation pour les entreprises françaises, a déclaré l’agence de développement économique « Suisse +
Promotion des investissements », lors d’une conférence le 23 juin à Paris. Sa performance
affiche une croissance supérieure de 4 % par rapport à la moyenne européenne,
selon le Tableau de bord de l’Union de l’innovation de 2010.
Ce petit pays demeure
une puissance moyenne dans le domaine économique, en particulier pour les industries
de machines, les finances, les assurances et l’horlogerie. En investissant
chaque année 3 % de son Produit intérieur brut (PIB) en R&D, il se classe
parmi les cinq nations industrielles mondiales où la recherche est la plus
dynamique, a expliqué l’agence Suisse +
Promotion des investissements.
Pour Pierre Bordy, directeur général de Capital Proximité,
plateforme reliant les entrepreneurs au marché suisse, c’est un « pays
structuré mais porteur de mystère pour les Français ». Il a un
fonctionnement « souterrain » estime-t-il. C’est un petit marché « confidentiel »,
où tout le monde se connait. Il faut donc montrer patte blanche, et faire ses
preuves pour entrer au sein d’un réseau interpersonnel.
Cyril Halifi, chief executive officer de la société Edelvia,
est un entrepreneur français qui a réussi en Suisse. Son unique produit, une
fontaine à eau, lui a permis de devenir numéro 2 dans le pays. Sa marque, Edelvia,
est la seule eau minérale nationale qui n’appartient pas à un grand groupe.
« Il faut donc être très performant dans la différenciation sinon on ne
survit pas dans ce monde de multinationales » assure-t-il. Cyril Halifi a
su innover en proposant la première fontaine à eau avec six coloris possibles.
Le succès fut tel que les particuliers et les TPE en ont aussi voulu. Edelvia a
alors créé une fontaine adaptée de 11 litres, sans gobelet et peu onéreuse.
L’innovation, pour lui, est un concept très simple qui se différencie par sa
réactivité et son originalité par rapport à ce qu’il y a sur le marché. « Nous
sommes les seuls à proposer une fontaine vendue sans abonnement et à avoir un
site de vente en ligne » explique-t-il.
Et son autre atout pour le marché suisse a été son
organisation logistique écologique. Il n’affrète pas de camion spécialement
pour ses livraisons mais établit un partenariat avec un camion livreur d’autres
produits.
Pour trouver des financements, la stratégie indispensable
est, selon lui, de « compacter l’information pour quelle soit comprise en
10 secondes » par des banquiers.
Et de conclure qu’il y a trois options pour que les
entrepreneurs français se différencient : d’abord l’innovation
fondamentale comme celle du high tech. Seulement dans son domaine, Edelvia ne
peut pas innover avec de l’eau, mais avec ce qui l’entoure. Deuxième option, le low
cost : être beaucoup moins cher que la concurrence pour lui prendre
des parts de marché. Mais attention, cela entraîne un levier de volume qui
s’adresse uniquement à des multinationales pouvant faire face. Enfin,
il ne faut pas oublier la notion d’émotion. Pour des produits basiques, tels que le café, l’eau
ou même un aspirateur, il faut « dégager de l’émotionnel » chez le
client en jouant sur le design, la couleur, la forme…
« L’innovation induit de prendre des risques, donc il ne
faut pas avoir peur de l’échec. La lourdeur administrative française est
incomparable avec l’efficacité décentralisée et la rapidité suisses. En France,
lancer un nouveau produit est un parcours du combattant, alors qu’en Suisse il
suffit de trois semaines. » Cyril Halifi insiste ainsi sur la qualité de
l’entreprenariat en Suisse, ouvert à l’innovation française.
La France
est troisième partenaire commercial de la Suisse, derrière l’Allemagne et l’Italie, et
représente le 5ème investisseur étranger. 540 sociétés françaises y
sont établies, avec plus de 90 % de PME.
Alix Cauchoix