Le président russe Vladimir Poutine a signé vendredi 2 juillet un amendement de la nouvelle loi sur les boissons alcoolisées qui pourrait bien déclencher une guerre des bulles avec la France. En effet, seuls les vins blancs pétillant produits en Russie pourront désormais s’appeler « champagne ». Au grand dam des producteurs champenois.
Emotion parmi les amateurs de champagne et les producteurs champenois, farouches défenseurs de leur appellation d’origine contrôlée. Depuis vendredi 2 juillet, leurs cris d’indignation se sont répandus sur les réseaux sociaux. Les étiquettes des bouteilles destinées au marché russe devront désormais porter la mention игристое вино (igristoïe vino, « vin pétillant ») et non шампанское (champagneskoïe). Voilà donc les précieuses bulles françaises reléguées au rang de vulgaire mousseux.
« Nous suivons de près les implications de la nouvelle loi viti-vinicole russe, en lien étroit avec les professionnels et nos partenaires européens, a déclaré sur son compte Twitter le ministre en charge du Commerce extérieur, Franck Riester. Aucun doute possible : nous soutiendrons sans faille nos producteurs et l’excellence Drapeau de la France. Vive le #champagne français ! »
Moët Hennessy (groupe LVMH), qui commercialise les champagnes Moët & Chandon, Veuve Clicquot et Dom Perignon, a annoncé vendredi la suspension des ventes à destination de la Russie, marché qui, par ailleurs, ne représente qu’une faible part de ses exportations (environ 2 %).
Selon les données du comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), avec plus de 35 millions d’euros d’exportations en 2020 (+ 9,7 % par rapport à 2019), la Russie est seulement le 15ème client des bulles champenoises.
Des tensions anciennes entre la France et la Russie
Popularisée en URSS dans les années 1930, cette boisson pourtant considérée comme bourgeoise, fait régulièrement l’objet de tension entre le France et la Russie, qui ne reconnaît pas les AOC.
Depuis 2010 et des négociations byzantines, le sovietskoïe champagneskoïe (soviétique), devenu rossiiskoïe champagneskoïe (de Russie), principalement produit en Crimée (territoire ukrainien annexé par la Russie en 2014) peut arborer sur ses étiquettes le terme « champagne », mais uniquement en cyrillique. Et jusqu’en 2022.
A regarder de plus près, la nouvelle loi signée par le président russe n’interdit pas la mention «champagne », du moins en alphabet latin, sur la contre-étiquette. En revanche, en cyrillique, la mention devra être « vin pétillant ». Un détail qui explique peut-être le revirement de Moët Hennessy dans la journée de dimanche 4 juillet. Le groupe a en effet annoncé qu’il allait finalement apporter la mention « vin pétillant » en cyrillique sur ses contre-étiquettes.
Sophie Creusillet