C’est la réponse du berger à la bergère, de Bruxelles à Moscou, face aux pressions russes pour dissuader les pays de l’ex URSS à conclure des accords de libre échange avec l’Union européenne (UE). « Une fois signé, il sera possible de mettre en oeuvre autour de 90% de l’accord de libre échange sans un processus de ratification », a ainsi déclaré le ministre
lituanien des Affaires étrangères Linas Linkevicius, le 23 septembre. Ce jour là, les ambassadeurs des Etats membres venaient de convenir d’appliquer les mesures prévues par l’accord de libre échange (ALE) UE/Ukraine immédiatement après sa signature. Une réponse aux pressions russes pour faire capoter cet accord.
Les menaces répétées de Moscou sont une fois encore à l’origine de cette modification du calendrier européen. Lors d’une conférence à Yalta le week-end passé, Sergei Glazyev, proche du Président Poutine, a fait monter la pression d’un cran en déclarant que la Russie pouvait « ruiner économiquement l’Ukraine » en cas de rapprochement avec l’UE.
Selon ce haut responsable, les hausses des droits de douane sur les produits ukrainiens, envisagées par Moscou, pourraient coûter 35 milliards d’euros au pays. « En cas de défaut de paiement, qui paiera? L’Europe? », a-t-il ironisé. Même message du Premier ministre, lundi 23 septembre : »Nous allons continuer à être amis, à faire du commerce, mais cela sera un commerce […] sans aucun privilège, peut-être même au contraire avec des restrictions », a assuré Dmitri Medvedev.
Résultat des courses, les 28 semblent plus unanimes que jamais pour soutenir l’intégration de Kiev. Un consensu qui semble prévaloir, aussi, au sein de la population ukrainienne. « Pour la première fois dans l’histoire, plus de 50 % des citoyens sont favorables au rapprochement avec l’UE (…), merci beaucoup Monsieur Glazyev », a ironisé, à son tour, Petro Poroshenko, le ministre ukrainien du Commerce. Début septembre, les 28 avaient déjà annoncé leur volonté d’avancer d’un an la signature d’un accord d’association et de libre-échange avec la Géorgie, elle aussi sous pression de Moscou.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles