Voilà, c’est chose faite, après plusieurs épisodes d’un feuilleton riche en rebondissements et faisant perdurer le suspens, le Rafale de Dassault Aviation a connu son premier dénouement heureux à l’export depuis qu’il a été proposé sur les marchés internationaux, il y a dix ans.
La signature officielle du contrat d’achat de 24 Rafale par l’Égypte, annoncé par l’Élysée dès le 12 février, a eu lieu le 16 février au Caire, en présence du ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian et du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi. L’avion de combat français a ainsi décroché son premier contrat à l’export. D’un montant de 5,2 milliards d’euros, il porte sur la vente de 24 avions Rafale fabriqués par Dassault Aviation, une frégate multi-mission Fremm du groupe naval DCNS, ainsi que des missiles conçus par MBDA.
« C’est un contrat exceptionnel pour nos industries de défense qui valorise le Rafale… un avion très performant », a commenté le ministre français de la Défense, parlant aussi d’un « bon contrat pour DCNS. Le Caire devient ainsi le premier acheteur étranger de l’avion militaire de Dassault. « Le Rafale correspond aux besoins des pays qui, comme l’Égypte, veulent disposer en toute souveraineté d’une armée de l’air de premier rang », avait déclaré Dassault Aviation dans un communiqué, au moment de l’annonce, le 12 février, du contrat d’achat.
« Il s’agit d’un succès éclatant pour l’ensemble de l’industrie aéronautique française, tant pour Safran, Thales, MBDA, que pour les centaines de sous-traitants et fournisseurs du programme Rafale implantés dans de nombreuses régions françaises, a déclaré pour sa part Marwan Lahoud, le président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) suite à l’annonce de la signature officielle. […] L’ensemble de la filière aéronautique et spatiale française espère que ce premier contrat sera suivi dans un avenir proche d’autres succès à l’exportation du Rafale ». De fait, le Rafale, outre Dassault Aviation, implique des fleurons français comme Thales ou Safran et s’appuie sur une abondante chaîne de sous-traitants parmi lesquels quelque 500 PME françaises. Plus de 7 000 emplois sont en jeu au total. Quant à la Fremm, elle est construite à Lorient dans le chantier de DCNS, un fleuron industriel de la défense qui ferait vivre 2 000 personnes et quelque 1 000 sous-traitants.
Après un échec douloureux avec le Brésil, qui, l’an dernier, a préféré au Rafale de l’avionneur français, jugé trop cher, le Gripen suédois de Saab, tous les regards étaient portés sur l’Inde, où Dassault était sorti vainqueur d’un appel d’offres géant pour 126 Rafale en janvier 2012, estimé à quelque 11 milliards d’euros, entrant alors en négociation exclusive avec les autorités de New Delhi. Mais pour l’heure, la conclusion d’un accord avec l’Inde se fait toujours attendre après trois ans de négociation complexe, ce contrat devant se traduire par un important transfert de fabrication et de technologie sur place.
Cette issue positive à une négociation menée en un temps record avec l’Égypte –trois mois– arrive donc à point nommé pour relancer l’avionneur français, qui est également en discussion, dans la zone, notamment avec les Émirats arabes unis et le Qatar. C’est aussi une bonne nouvelle pour le commerce extérieur français. La vente des 24 avions de combat pèsera positivement dans la balance commerciale française, contribuant à réduire le déficit global du commerce extérieur qui a atteint – 53,8 milliards d’euros en 2014. Enfin, elle lève un peu d’incertitude sur la Loi de programmation militaire française qui, a rappelé à juste titre notre confrère Les Echos dans son édition d’hier, « a prévu que 40 Rafale soient exportés de 2016 à 2019 ».
V. A.
Pour prolonger :
– Défense : le Rafale doperait des exportations d’armement déjà en pleine forme