Il est 5h45, dimanche 31 octobre, quand l´A319 de la compagnie Aigle Azur se pose sur le tarmac de l´aéroport international de Bagdad. Le vol ZI117 n´a rien d´anodin, puisqu´il s´agit du premier voyage organisé par un transporteur européen depuis l´embargo de 1990 sur l´Irak.
A bord, 111 personnes : des journalistes (dont Le MOCI) et une délégation d´exposants français à la Foire internationale de Bagdad, pilotée par la secrétaire d´Etat au commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, venue signer plusieurs accords de coopération bilatérale ou assister de grandes entreprises françaises dans leurs affaires. Le plus symbolique est sans doute l´accord de protection réciproque des investissements, « le seul existant avec un Etat de l´Union européenne », confie une source officielle, précisant avec délectation que « l´Italie et l´Allemagne nous envient. Et même le Royaume-Uni, qui a déjà paraphé un tel accord, n´a pas pu encore l´utiliser, en raison de divergences au moment de la traduction du texte ».
A partir de janvier prochain, Aigle Azur promet la mise en place de deux vols hebdomadaires entre Paris et Bagdad, ce qui devrait faciliter la vie des exportateurs tricolores, obligés jusqu´à présent de passer par la Jordanie ou la Turquie. Une aubaine pour les exposants français à la 37ème Foire de Bagdad, le plus souvent des PME n´ayant jamais mis un pied en Irak.
A la recherche de relais de croissance depuis le début de la crise mondiale, elles ont, toutes unanimement, voulu profiter d´une mission collective, leur offrant des coûts réduits et surtout une sécurité des personnes et des biens absolue. Car si l´aéroport international « est un des plus sécurisés du monde », selon un responsable de la société de sécurité privée française Gallice, « il y a encore une dizaine d´attentats journaliers en Irak », comme le rappelle la prise d’otage mortelle intervenue le 30 octobre dans une église de Bagdad.
Nombre d´entrepreneurs français ont précisé au MOCI que, pour eux, il était important de trouver un représentant local lors de la Foire internationale, notamment parce qu´ils n´imaginaient pas de se rendre seuls en Irak. Le Centre d´affaires français, inauguré en mai dans un site sécurisé, offre justement aux PME des services de domiciliation et de logement à coût réduit. « Les Irakiens ne veulent plus « d´un huis clos avec les Américains », souligne un diplomate français.
« Le marché de la reconstruction est énorme, évalué à 600 milliards de dollars », renchérit le jeune ambassadeur de France, Boris Boillon (40 ans), nommé par le président de la République pour mener de front dialogue politique et relations économiques. L´Irak peut rapporter gros, mais « s´y engager a un coût », reconnaît-il. Généralement, il faut compter 24 000 dollars pour un séjour de trois jours, sécurité et hébergement inclus. Mais non compris le prix du billet d´avion, qui sera chez Aigle Azur de l´ordre de 1 300 euros en classe économique et 2 500 euros en catégorie business.
François Pargny