La Commission européenne a lancé le 4 mars un « dialogue stratégique » sur l’industrie de l’acier, plongée dans une crise profonde. Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
« Notre Union européenne s’est construite sur une communauté de charbon et d’acier. L’acier est partout, de l’énergie éolienne à la défense. Mais les sidérurgistes européens sont à la croisée des chemins, confrontés aux défis d’une décarbonation nécessaire et d’une concurrence mondiale en partie déloyale » a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en ouvrant ces discussions avec les représentants du secteur.
La situation est en effet critique pour la sidérurgie européenne. « Tous les sites européens d’acier sont à risque » de fermeture en 2025, si rien n’est fait pour protéger le secteur, avait déclaré fin janvier le président d’ArcelorMittal France, Alain Le Grix de la Salle, lors d’une audition parlementaire à Paris.
Baisse de production, regain de concurrence et menaces commerciales
Selon les données d’Eurofer, l’association européenne des producteurs d’acier, la production dans l’Union européenne (UE) a diminué de 30 % depuis 2008 pour atteindre 126 millions de tonnes en 2023, et le secteur a vu 100 000 emplois détruits ces quinze dernières années.
À cette conjoncture difficile, s’ajoute une concurrence internationale moins contrainte par les exigences environnementales, ce qui fragilise encore davantage les sidérurgistes européens. Pourtant, l’acier reste un pilier de l’économie du continent : avec 500 sites de production répartis dans 22 États membres, il génère 80 milliards d’euros de PIB et soutient 2,5 millions d’emplois, souligne la Commission européenne.
La sidérurgie européenne doit également faire face à des menaces commerciales. À partir du 12 mars, les États-Unis devraient imposer de nouveaux droits de douane de 25 % sur les exportations d’acier à destination du marché américain. Selon Eurofer, cette mesure protectionniste pourrait entraîner la perte de 3,7 millions de tonnes d’exportations européennes et un afflux d’acier bon marché détourné des États-Unis vers l’UE.
Un plan d’action présenté le 19 mars
Face à ces défis, Bruxelles dévoilera son plan d’action pour l’acier et les métaux le 19 mars. Les mesures retenues dépendront en grande partie des conclusions de ces « dialogues stratégiques ».
Parmi les solutions envisagées, figure une révision du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), destiné à protéger les industriels européens en imposant un coût carbone aux importations étrangères. Plusieurs États membres, dont la France, l’Italie, l’Espagne, la Belgique et la Roumanie, appellent en effet la Commission à renforcer cette taxe carbone qui doit entrer en vigueur en 2026, afin de mieux évaluer les risques de « fuite de carbone », aussi bien au sein de la chaîne de production que pour les exportations.
Autre piste à l’étude : la mise en place de restrictions sur les importations d’acier, afin de limiter l’impact de la concurrence extérieure sur un secteur en grande difficulté.