Les Chinois veulent se débarrasser du label « Made in
China », connoté négativement, au profit du « Created in China »
et même « Innovated in China ». Le 15
octobre, à l’occasion du « 2011 International industrial design Forum »
de Chine, l’Institut français du design (IFD) a été invité à Hangzhou (Est du
pays) pour présenter le design industriel français, qui les intéresse
particulièrement.
« Les Chinois veulent en finir avec le copier, le low-cost,
pour se donner une véritable politique de marque », témoigne
Anne-Marie Sargueil, présidente de l’IFD. Une prise de conscience émane du
gouvernement et des villes mêmes. Le pays forme déjà 300 000 étudiants par
an au design et à l’ingénierie, de quoi venir combler les déficits en la
matière. « Le design n’est plus perçu comme une simple esthétique, mais bien
comme un levier économique. Ils sont friands de connaître le design
industriel et ont un appétit pour la
France », poursuit-elle. Et l’image positive dont
bénéficie notre pays s’oppose au « Made in China » qui souffre lui d’une
réputation de mauvaise qualité.
Hangzhou, située à 45 minutes en TGV depuis Shanghai, représente
20 % de la croissance nationale par an, grâce à son positionnement sur la
créativité. Classée « ville au plus fort potentiel économique de Chine »
depuis cinq ans par le magazine Forbes, elle est orientée sur le secteur des
services et du multimédia. Elle souhaite développer les échanges
universitaires avec la France
et les collaborations entre industriels et écoles.
Douze entreprises françaises reconnues à l’étranger ont été
invitées à ce forum pour représenter la démarche créative française. Parmi elles,
Fermob, qui conçoit et fabrique en France du mobilier d’extérieur. Néanmoins,
Baptiste Reybier, manager show room de la société, explique vouloir chercher à
produire en Asie pour raccourcir les délais de livraison et vendre sur place.
« Nous venons d’inaugurer un centre de peinture près de Hong Kong et avons
dû rassurer les clients chinois qui craignaient une baisse de qualité. On leur
a dit que les machines et les matériaux seraient les mêmes qu’en France et que
l’on respecterait les labels internationaux.
L’identité française est un gage
de qualité pour eux. » Les entreprises françaises sont conscientes de
l’importance du design pour une entreprise. « On ne se pose même plus la
question du coût, c’est automatiquement intégré dans la conception d’un
produit », assure Fermob. « 80 % de nos produits sont créés par des
designers. Cela donne du sens au marketing. »
La Chine
veut s’approprier le design à la française, s’inspirer des méthodes
occidentales car elles sont appréciées en Asie. Mais il s’agit de dépasser la
simple copie par une valorisation de la propriété intellectuelle. C’est ce qu’a
su faire la marque chinoise Haier qui est en plein déploiement. 70 % des ventes
de cette marque créative et innovante sont réalisées en Chine. « Haier
émane de la culture chinoise, mais a intégré les codes occidentaux »,
explique la directrice de l’IFD. Car les Chinois comptent maintenant faire
émerger leurs propres marques et s’affirmer aussi bien dans leur pays qu’à
l’international. Cela se fera grâce au design comme créateur de valeur et de
compétitivité.
Alix Cauchoix
Pour en savoir plus :
Voir notre fiche pays sur la Chine: dans l’onglet Fiches pays, sélectionner Chine dans le menu déroulant.