Le parlement birman
a adopté le 7 septembre une loi sur les investissements étrangers, censée
favoriser l’afflux de capitaux étrangers dans la Birmanie (Myanmar) isolée pendant cinquante
en raison des sanctions américaines et européennes qui ont frappé la junte
militaire au pouvoir jusqu’en mars 2011.
Après avoir
multiplié les réformes dans le domaine politique, libérant des centaines de
prisonniers politiques dont Aung San Suu Kyi, la plus célèbre d’entre eux, le gouvernement « civil » de l’ancien
général Thein Sein s’attaque désormais à l’économie dont le développement a été
longtemps empêché par les sanctions internationales. En avril dernier, le
gouvernement a inauguré cette grande réforme par la mise en place d’un système
de change contrôlé, une étape essentielle pour relancer l’économie.
La nouvelle loi sur
les investissements, qui participe de cette dynamique d’ouverture du pays, a
été l’objet d’âpres débats entre conservateurs et réformateurs, les premiers reprochant aux
seconds de vouloir faire la part belle aux multinationales au détriment des
entreprises locales. Le principal débat a ainsi porté sur le seuil de cinq
millions de dollars imposé aux investisseurs étrangers, mais aussi locaux. Une
gageure pour les entreprises locales dont certaines sont encore contrôlée par
des proches de l’ancienne junte.
Toujours est-il que
les investisseurs étrangers pourront prendre 50 % des parts dans des
coentreprises, voire plus dans un certain nombre de secteurs qui n’ont pas
encore été spécifiés. Car il faut encore que le président Thein Sein signe la
loi, ce qui devrait être fait d’ici à la fin du mois d’octobre.
Attendue de pied
ferme par les investisseurs, cette loi permettrait aux entreprises étrangères de
prendre pied sur ce marché prometteur malgré plusieurs décennies d’un régime
dur. Riche en hydrocarbures, en minerais et en pierres précieuses, mais handicapée
par des infrastructures et un appareil industriel à l’agonie, la Birmanie
devrait enregistrer une croissance de 6 % cette année et de 6,3 % en 2013, soit
une nette accélération après les 5,5 % de 2011 et les 4,9 % de moyenne annuelle
sur les quatre années précédentes.
Les grandes
entreprises étrangères sont d’ailleurs en train de prendre ou reprendre pied
sur ce marché. Coca Cola a fait son grand retour en juin dernier, Mastercard a
annoncé début septembre avoir signé un accord avec les autorités du pays pour
mettre en placement un système de paiement électronique. Vingt ans après son
arrivée dans des conditions très critiquées, Total a annoncé lundi 3 septembre
avoir acquis 40 % dans un bloc d’exploration d’hydrocarbures au large du pays.
Sur son site, le ministère des Affaires étrangères français se félicite du fait que « la coopération entre la France et la Birmanie
connaisse un nouvel élan ». Cela s’est traduit concrètement par l’autorisation, en mars
2012, pour l’Agence française de développement, d’intervenir en Birmanie
dans les domaines de l’agriculture et de la santé. Les relations bilatérales ont été marquées, en 2012, par la visite du
ministre des Affaires étrangères en Birmanie (janvier) et par la visite
de Mme Aung San Suu Kyi en France (juin). En outre, une délégation parlementaire conduite par le sénateur Gérard Miquel, président du groupe d’amitié France -Asie du Sud-est , et composée
par MM. Bernard Saugey, sénateur de l’Isère, Hervé Maurey, sénateur de
l’Eure, et Jean-Claude Requier, sénateur du Lot, s’est rendue début septembre en Birmanie où elle a été reçue le 5
septembre à Naypyidaw par le président Thein Sein.
Sophie Creusillet