Bras financier de l’Union européenne (UE), la Banque européenne d’investissement (BEI) ne s’est pas limitée à mettre en œuvre les politiques dictées par Bruxelles, elle a aussi largement contribué à éteindre les incendies provoqués par la crise sanitaire. C’est ce qui ressort du rapport annuel de l’institution, présenté le 20 janvier par son Président Werner Hoyer (Notre photo).
« Pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et la crise climatique, le Groupe BEI a porté ses financements à 77 milliards d’euros en 2020, dépassant ainsi ses propres objectifs », a-t-il rappelé lors d’une conférence de presse virtuelle organisée depuis le siège du groupe au Luxembourg.
Dans le détail, un tiers de ce montant, soit 25,5 milliards d’euros (Md EUR), a été consacré à la réponse immédiate à la crise sanitaire et ses impacts sur l’économie du continent. Avec une première enveloppe, débloquée dès le mois de mars 2020, les fonds ont essentiellement servi à financer les petites et moyennes entreprises (PME) et limiter ainsi le nombre de faillites et de suppressions d’emploi.
Plus généralement, l’appui aux PME s’est intensifié au cours de l’année dernière passant de 5 à 30,6 Md EUR. Au total, « plus de 425 000 entreprises ont bénéficié d’un financement, ce qui a permis de préserver plus de 4,2 millions d’emplois », souligne un communiqué.
Le secteur de la santé a également bénéficié de nouveaux financements. Outre l’appui apporté à certains hôpitaux, le groupe BEI a également massivement investi dans la production des vaccins et soutenu des entreprises innovantes proposant des traitements contre le virus ou des technologies de dépistage, nécessaires à la lutte contre sa propagation. Un effort qui se poursuivra en 2021. Le conseil d’administration de l’institution a déjà approuvé 25 Md EUR supplémentaires à destination des entreprises en difficulté dans le secteur de la santé.
Investir pour le climat et la relance
Mais le climat, érigé comme la priorité n°1 de la Commission Von Der Leyen, est resté un élément central dans le radar de la banque européenne.
« En 2020, nous avons démontré qu’il n’y a aucune incompatibilité entre investir dans la relance économique et investir dans l’action climatique et l’innovation. Tous nos objectifs sont intrinsèquement liés. L’Europe ne peut sortir plus forte de cette crise qu’en investissant dans l’économie verte et numérique de l’avenir », a insisté Werner Hoyer.
Destinée à devenir progressivement la banque du climat de l’UE, la part des investissements consacrés au secteur est passée de 34 % à 40 % l’an dernier. L’objectif final étant d’augmenter cette part à 50 %.
Inquiétude sur l’investissement
Un bémol cependant : le déficit d’investissement croissant qui menace les ambitions affichées dans le Green Deal ou Pacte vert présenté l’an passé par la Commission européenne.
Dans un rapport publié ce jeudi 21 janvier, la BEI s’inquiète de l’impact de la pandémie sur les prévisions d’investissement des entreprises du bloc. Selon le document, 45 % d’entre-elles prévoient en effet de réduire leurs investissements, alors que 6 % seulement envisagent de les augmenter.
« Mais nous devrions également être encouragés par le succès du Fonds européen pour les investissements stratégiques, le pilier financier du plan Juncker, qui a atteint l’été dernier, avant l’échéance prévue, son objectif revu à la hausse consistant à mobiliser 500 milliards d’EUR d’investissement », a toutefois tempéré le Président allemand de l’institution.
En signant des opérations pour un volume total de 12,9 Md EUR en 2020, le FEI aurait connu une année record en octroyant ainsi des financements à plus de 330 000 PME et ETI au sein du bloc.
Avec plus de 10 Md EUR consacrés à la France, dont 4,3 dédiés au climat, le pays s’est hissé au 2e rang, après l’Italie, des bénéficiaires de l’aide accordé par la BEI en 2020. « 420 entreprises ont déjà bénéficié du soutien du groupe BEI à travers ces opérations pour un total de 182 millions d’euros de nouveaux crédits. Par ailleurs, la BEI a garanti 44 projets portés par des ETI pour un montant total de 178 millions d’euros », a détaillé Ambroise Fayolle, le vice-président français de la banque européenne.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles