2008 aurait été une année noire pour le Kenya, si ce n´est l´appropriation populaire de l´élection du président Obama aux États-Unis et la réunion étonnante, au sein d´une « Grande Coalition », des deux anciens rivaux de la présidentielle de fin 2007, le président Mawi Kibaki et le Premier ministre Raila Odinga, dont le gouvernement a été investi en avril.
Les violences post-électorales en début d´année (1 300 morts) ont été suivies par la crise mondiale. La croissance a chuté de 7% en 2007 à 4,5-6% en 2008, incitant la Banque centrale en fin d´année à prendre des mesures afin de doper la consommation. L´inflation demeure un fléau, à près de 30%.
Au-delà du conjoncturel, le problème-clé du Kenya reste ses infrastructures et c´est pourquoi le gouvernement a lancé un plan quinquennal de 4,5 milliards de dollars pour en construire et rénover les existantes. Pour tenter de remédier à l´encombrement du port de Mombassa, les autorités devraient lancer en 2009 une première émission obligataire de 500 millions de dollars et ils cherchent des partenaires. Des négociations sont en cours avec le Qatar : l´émirat investirait mais participerait aussi à l´émission obligataire. En échange, il disposerait notamment de 100 000 acres pour y cultiver des produits horticoles.
Toujours en matière d´infrastructures, Nairobi a lancé un projet de 99 millions de dollars pour doubler la capacité de l´oléoduc reliant la capitale au port de Mombassa. Le pipe pourrait aller jusqu´à Kampala. Un important effort est fait sur les routes et la Chine a commencé à bitumer l´axe entre le Kenya et l´Éthiopie, désenclavant cette zone.
Côté téléphonie, France Télécom devrait investir 78 millions d´euros par an et moderniser sa filiale Telkom Kenya, acquis fin 2007.
Les autorités mettent aussi l´accent sur l´agriculture (25% du PIB ; plus de 50% des exportations) en consacrant 10% du budget annuel à son développement.
Le café a enregistré une bonne année (42 000 t en 2007/08 et 60 000 t attendues sur 2008/09) : les autorités entendent doubler la production d´ici 2012. Aux côtés du café, les exportations de thé atteindraient le record de 655 millions de dollars avec néanmoins une baisse des volumes, tandis que la filière horticole enregistrerait une hausse de 20% de son chiffre d´affaires (+14% ces dernières années). Mais la crise pourrait faire baisser les résultats de 5 à 10%.
Pour les autres cultures, 165 millions de dollars ont été sécurisés auprès de la Banque africaine de développement (BAD) et du Fonds international de développement agricole (FIDA) pour développer l´irrigation. Quant au secteur minier, les négociations pour l´exploitation de la mine de titane et de zirconium de Kwale par le groupe composé du canadien Tiomin Resources et du chinois Jinchuan n´ont pas encore abouties.
Les bains de sang en début d´année et la hausse des tarifs liés à la flambée des carburants auraient fait chuter de 23% les recettes touristiques, à 665 millions de dollars. Pour redresser son image, le pays a lancé une campagne promotionnelle (13 millions de dollars) notamment aux États-Unis, en Russie, au Proche-Orient, en Chine ainsi que sur de nouveaux marchés européens, comme la France et l´Espagne.
Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil