La France, qui a exporté en 2012 au Kenya pour 235 millions d’euros de biens (matériel électronique, équipement mécanique, produits pharmaceutiques…), devra multiplier par environ 213 % ce chiffre pour parvenir aux 500 millions d’euros fixés par la ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq. Un montant qui devra être atteint « en 2017 », a-t-elle précisé le 4 novembre, lors d’un atelier d’informations organisé à Bercy par Ubifrance.
Le Kenya n’est pas seulement un hub en Afrique de l’Est, « c’est un carrefour, une porte d’entrée sur le continent pour les autres régions du monde comme l’Inde ou le Moyen-Orient », s’est plu à souligner à sa suite l’ambassadrice du Kenya en France, Salma Ahmed, qui s’est félicitée aussi de la venue de Nicole Bricq dans son pays, il y a un an, « trois mois seulement avant les élections générales », ayant abouti à l’accession à la présidence du pays d’Uhuru Kenyatta, fils du premier président Jomo Kenyatta (1964-1978).
« Les élections se sont passées dans de bonnes conditions », a rappelé la ministre à Paris, avant de dénoncer l’attentat au cœur de Nairobi dans le centre commercial de Westgate (67 victimes, plus de 200 blessés) en septembre dernier, revendiqué par le groupe islamiste des shebab somaliens. A l’époque Jean-César Lammert ouvrait à Nairobi le bureau régional d’Ubifrance, à la demande de Nicole Bricq qui a placé le Kenya dans la liste de ses 47 pays prioritaires.
L’Oréal, Pernod Ricard : les grands noms s’implantent
Selon la ministre, « les investissements français ont progressé en 2012-2013, le nombre d’entreprises établies a été multiplié par deux pour atteindre le chiffre de 62 ». Et de citer L’Oréal, Pernod Ricard, Roulier ou encore Trouvay Cauvin, qui ont leur siège social régional dans la capitale kényane. « Pour les entreprises françaises, il y a les chantiers d’infrastructures, mais la concurrence internationale est féroce ». C’est pourquoi la ministre engage les PME à « viser le commerce courant ».
La croissance économique augmente régulièrement depuis 1990, dépassant ainsi la barre des 6 % aujourd’hui. « Il y a en Afrique orientale une manne pétrolière et gazière. Et au Kenya, depuis 2005, ce qui correspond à la fin de la période Moi [du nom de l’ancien président au pouvoir de 1978 à 2002, NDLR], la population s’enrichit et une classe moyenne émerge », confirme Eric Duédal, chef du Service économique pour l’Afrique de l’Est et l’océan Indien. Environ 20 % de la population kényane constituerait ainsi la classe moyenne émergente, ce qui ouvrirait, selon Nicole Bricq, des opportunités dans les cosmétiques, la pharmacie, les télécommunications ou l’agroalimentaire.
François Pargny