« Le Japon n’a pas
l’intention d’abandonner sa filière nucléaire », assurait, le 7 juin,
Olivier Isnard, adjoint au chef de service des situations d’urgence et
d’organisation de la crise à l’Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN), lors d’un atelier d’information sur la reconstruction au
Japon, organisé par Ubifrance.
Trois mois après le tremblement
de terre, le tsunami et l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, ce
pays n’aurait pas d’autre choix à court et moyen termes : privé de
ressources naturelles, il n’a, en outre, jusqu’à présent, que peu développé les
énergies renouvelables Enfin, en partie pour des raisons d’emploi, mais aussi à
la demande des grandes entreprises nippones déjà inquiètes des risques de
pénurie électrique pendant le prochain été, le gouvernement, dirigé par Naoto
Kan, n’envisage pas de révolution radicale de la politique énergétique de
l’archipel.
Certes, quelques projets
d’énergie renouvelable ont déjà vu le jour, dans l’éolien par exemple. Et le
géant Panasonic parle aujourd’hui d’une cité idéale, avec des maisons couvertes
de panneaux solaires.
Mais c’est surtout « vers l’optimisation
énergétique et l’efficacité que l’on s’oriente », estime Olivier Isnard.
« Dans la construction, les Japonais sont très en retard en matière
d’isolation thermique et ils auront besoin d’acheter des matériaux modernes en
verre, en bois ou en ciment », prévoit ainsi Thierry de Gennes,
responsable du desk Japon chez Deloitte & Associés.
« Les Japonais se rendent
compte qu’ils ne sont pas les meilleurs partout », insiste-t-il. De fait,
ce qui pouvait paraître inimaginable avant l’accident nucléaire, le traitement
des eaux contaminées a été confié au français Areva, associé à son compatriote
Veolia.
« Le contrat n’est pas très important. Mais, d’une part, il est très
symbolique, car il prouve l’intérêt des solutions françaises, et, d’autre part,
nous avons démontré que notre expertise pouvait aboutir à l’application de
solutions rapides », se félicite Rémy Autebert, président d’Areva Japon.
Dans le nucléaire, les besoins du
Japon sont multiples dans la radioprotection, la décontamination, la
fourniture de composants et de services, comme la surveillance des centrales.
Sans oublier la construction et le génie civil. « Dans le nucléaire, les
PME françaises doivent venir maintenant », affirme Richard Bliah,
président de S’international Architects Co. Le financement des projets
n’inquiète pas Rémy Autebert. « Les électriciens japonais ont les reins
solides », observe-t-il.
Dans les mois à venir, pour
assurer la fourniture électrique des entreprises et des ménages, selon Rémy
Autebert, « le Japon devrait se doter de nouveaux moyens thermiques et
relancer certains réacteurs nucléaires ». La France, qui a fait comme le
Japon le choix du nucléaire, est déjà très active dans la reconstruction de
l’archipel, comme le montre les différentes initiatives d’Ubifrance, notamment
dans l’industrie nucléaire. L’agence publique prévoit, d’ailleurs, d’organiser
une deuxième mission d’entreprises au Japon en juillet prochain.
François
Pargny