La France compte sur le marché de l´électricité pour se relancer en Afrique du Sud. Quatre accords de coopération ont ainsi été conclus, lors de la visite, les 2 et 3 mars à Paris, du président Jacob Zuma. Les deux premiers touchent à la coopération institutionnelle entre les deux pays et au partenariat entre le Commissariat à l´énergie atomique (CEA) et la Compagnie sud-africaine d´énergie nucléaire (Necsa).
Les deux autres accords concernent deux entreprises françaises leader dans l´énergie : Electricité de France (EDF), qui va apporter son savoir-faire en matière de formation en ingénierie à son homologue Eskom et Areva, qui doit former des experts de Necsa. EDF va participer à la création d´un institut d´ingénierie avec Eskom. Areva, de son côté, a renouvelé une proposition déposée déjà en 2008, portant sur la livraison de deux réacteurs EPR.
Avant le déplacement à Paris de Jacob Zuma, Eric Besson, le ministre de l´Industrie et de l´énergie, avait réuni les principaux acteurs de la filière nucléaire (y compris GDF Suez) pour mettre de l´ordre et éviter que se renouvelle une guerre franco-française qui avait entraîné l´échec de la France à Abu Dhabi en décembre 2009. « Nous, les techniciens, de quelque société française que l´on soit, coopérons naturellement entre nous », confiait à Moci.com un responsable d´Areva, lors d´une matinée, organisée par Medef, le 3 mars, en présence de Jacob Zuma. L´enjeu sud-africain est de taille, car, selon lui, la nation arc-en-ciel prépare « un plan de ressources intégré » de 9 600 mégawatts, « soit l´équivalent de 6 EPR ».
L´Afrique du Sud, qui souffre d´un déficit chronique d´électricité, veut doubler sa production installée d´ici 2030. Brian Anthony Dames, directeur exécutif d´Eskom, ne cachait pas non plus sa volonté « de saisir les opportunités », en exportant dans la région.
Des relations commerciales « globalement modestes » entre les deux pays
Si les grandes entreprises françaises, comme Alstom, Air Liquide, Total, sont présentes en Afrique du Sud, la France n´est que le septième investisseur étranger dans ce pays, avec, au total, 200 implantations représentant un effectif de 29 000 salariés. Par ailleurs, l´Afrique du Sud a beau être son premier client en Afrique, avec plus de 1,3 milliard d´euros d´importations en provenance de l´Hexagone en 2009, « les relations commerciales sont globalement modestes », reconnaissaient la présidente du Medef, Laurence Parisot, et son homologue de Busa (Business Unity South Africa), Futhi Mtoba.
Ainsi, la France n´est que le neuvième fournisseur de l´Afrique du Sud, avec une part de marché de l´ordre de 3 %. Pire, ses exportations diminuent régulièrement depuis le record enregistré en 2005 (1,9 milliard). « Les relations ministérielles entre ces deux puissances en Afrique sont pauvres », déplorait, lors de la réunion au Medef, un homme d´affaires français, basé à Johannesburg.
Les cinq priorités de Jacob Zuma
La pauvreté domine toujours la vie économique de l´Afrique du Sud, pourtant devenue depuis peu le cinquième membre des Brics (Brasil, Russia, India, China, South Africa). A Paris, Jacob Zuma a rappelé ses cinq priorités : « éducation, santé, développement rural, lutte contre la criminalité et emploi ». En dix ans, quatre millions d´emplois doivent ainsi être créés.
« C´est possible. Le potentiel d´investissement de mon pays est estimé à 2,6 milliards d´euros. Mais il est clair que les Sud-Africains ne peuvent pas tout faire seuls », soulignait aussi la présidente du National Empowerment Fund (NEF), Philisiwe Buthelezi. Selon elle, l´Afrique du Sud « a besoin de partenariats, notamment de partenariats public-privé dans les infrastructures ». Le NEF a, pour sa part, identifié une quinzaine de projets, qui font aujourd´hui l´objet d´études de faisabilité dans des secteurs variés, allant de l´agroalimentaire aux télécommunications, en passant par les produits minéraux.
François Pargny