L’alliance
entre PSA et l’américain General Motors (GM) pourrait avoir pour conséquence
inattendue que le groupe français arrête de produire des Peugeots en Iran. En
effet, au terme de l’accord conclu le mois dernier, GM a pris 7% du capital. Or,
un lobby américain appelé United Against Nuclear Iran (Uani) fait campagne pour
que le Congrès enquête sur l’alliance PSA-GM, pressant ainsi GM à inciter
Peugeot de mettre fin à sa production en Iran. De son côté, GM affirme que
Peugeot avait décidé suspendre la production avant la conclusion de l’alliance
(c’est-à-dire pendant les négociations avec le groupe de Detroit, dont le
Trésor américain possède 32% du capital).
Fait
inhabituel, dès le 7 février 2012, la
FIEV (Fédération des industriels des équipements pour véhicules) avait publié un communiqué dans lequel elle s’inquiétait des
«conséquences pour les entreprises de la filière, en France même». Au passage,
elle rappelait que «les nouvelles sanctions à l’égard de l’Iran décidées en
janvier 2012 par les Etats-Unis et l’Union européenne ne concernent pas
l’automobile. Il n’en demeure pas moins qu’en menaçant les banques étrangères
qui opèrent en Iran de sanctions sur le territoire américain, ces dernières
refusent les transactions avec l’Iran». Depuis, la situation a évolué. Par
conséquent, prudente, la FIEV
ne souhaite désormais plus communiquer
sur ce sujet.
Même
si ce ne sera pas essentiel (l’Iran représentant 1,5 à 2% du chiffre d’affaires
de Peugeot), l’arrêt de tout montage en Iran sera quand même un manque à gagner
pour la marque au lion. L’année iranienne débutant en avril, les onze premiers
mois cumulés de 1390 (avril 2011-février 2012) indiquent une production par
Iran Khodro (IKCO), le partenaire public iranien de Peugeot de : Peugeot
405 (161 642), Peugeot 206 (155 502), de Peugeot Pars (82 626),
de Peugeot 207i (10 643, mais le modèle est en voie de suppression).
Paradoxalement,
ce sont les sites de Peugeot en France qui sont affectés, alors que les expéditions
sont suspendues selon un rythme mensuel. Ainsi, l’usine de Vesoul qui envoyait
en Iran des pièces détachées et des sous-ensembles, essentiellement des Peugeot
206, vers l’Iran, a arrêté tout envoi depuis fin février. L’atelier de
conditionnement et d’emballage est par conséquent à l’arrêt depuis. La
direction de l’usine indique que l’arrêt est prolongé à avril. Il se pourrait
ensuite que le boycott des banques occidentales soit invoqué comme raison
d’arrêter définitivement la production dans la banlieue de Téhéran. La
prolongation de l’arrêt d’envoi en mai prochain sera un signe.
Pendant
ce temps, le concurrent Renault est toujours bel et bien présent en Iran. Avec la Turquie, ce pays est le
seul de la région à avoir une importante production automobile (850 000 véhicules
prévus en 2011). Une
variante locale de la Logan
(rebaptisée Tondar 90, d’un nom qui signifie «tonnerre» en farsi) y est
surtout vendue. C’est IKCO qui assure le montage, la vente, et le service après
vente. Mais la production reste modeste (82 910 sur les onze premiers mois
de l’année iranienne). Les Renault Mégane (11 000) sont pour leur part importées.
Finalement,
ce retrait français pourrait profiter à la vingtaine de marques produisant en
Iran. De son côté, IKCO qui a déjà multiplié les co-entreprises avec des
constructeurs turcs pour parvenir aux standards européens, développe le plus
possible la production locale de pièces face aux sanctions qui frappent le pays,
et veut accroître l’exportation vers des marchés à faible pouvoir d’achat.
Jean-François
Tournoud
Pour en savoir plus :
–
La réaction de la FIEV
http://www.fiev.fr/article-actualite.php?id=2795&thid=5
–
La production automobile iranienne au mois de février 2012 :
http://bestsellingcarsblog.com/2012/03/20/iran-february-2012-peugeot-pars-gets-a-kick-up/
–
Iran Khodro :