« L’appétence des entreprises françaises pour le marché iranien ne se dément pas, malgré les obstacles côté français ! ». Croisé lors des dernières universités d’été du Medef, Romain Kéraval, le directeur du bureau de Business France à Téhéran, avait plutôt bon moral, d’autant plus que son planning pour la fin de l’année est complètement plein. Le pavillon organisé par Business France sur le salon de la plasturgie Iran Plast (24-27 septembre) affiche complet, de même que celui monté pour la première fois par l’opérateur tricolore sur le salon de l’industrie minière Minex (10-12 octobre). Au delà des grands groupes –Total, Renault récemment- qui investissent, ce sont donc aussi les PME qui alimentent cette dynamique.
Et ce n’est pas fini. « J’ai encore sept ou huit opérations dans le pipe d’ici décembre, dont une avec des PME alsaciennes et une grosse mission multisectorielle de PME avec les chambres régionales de commerce et d’industrie d’Île de France, de Provence-Alpes-Côte d’Azur et d’Auvergne Rhône-Alpes », poursuit le responsable. En novembre encore, deux colloques organisés à Téhéran verront intervenir des représentants de la French touch dans le domaine de l’architecture et dans le secteur de l’amont pétrolier et gazier.
Le bureau de Business France à Téhéran a encore été renforcé par l’arrivée, prévue dans le courant de septembre, d’un sixième agent, qui prendra les fonctions de directeur adjoint.
Malgré les obstacles au commerce avec l’Iran, notamment l’absence des grandes banques françaises toujours effrayées par les risques de sanctions américaines, les entreprises françaises poursuivent leur efforts sur l’Iran. Les chiffres des échanges commerciaux le confirment : les exportations françaises vers ce pays pourraient franchir le milliard d’euros cette année. Fin juillet, elles atteignaient ainsi 763,7 millions d’euros, en progression de 162,2 % par rapport à la même période de l’an dernier, dépassant le montant obtenu pour l’ensemble de l’année 2016 (721,8 millions).
Signe également encourageant, la part de marché française dans les importations iraniennes est remontée de 1,07 % en 2014 à 2,45 % sur les 7 premiers mois de 2017 (2,24 % en 2016), ce qui devrait permettre à la France de faire son retour dans le top 10 des fournisseurs de l’Iran cette année (9ème à fin juillet, au lieu de 11ème en 2016). Seul bémol : la France est toujours devancée par l’Allemagne, l’Italie et même la Suisse à ce top 10. « Nous étions 3ème fournisseur de l’Iran à une époque pas si lointaine et aujourd’hui l’Italie nous dépasse », constate Romain Kéraval.
Les banques italiennes sont-elles plus souples ? Les pouvoirs publics à Rome sont-ils plus proactifs ? Quel est le degré de volonté des pouvoirs publics français et européens de s’opposer à l’extraterritorialité des lois américaines ?
Une chose est certaine, tout le monde attend avec impatience la solution sur laquelle planche la banque publique Bpifrance depuis plusieurs mois afin de rétablir un circuit de financement des exportations pérenne, à l’abri des lois américaines ayant une portée extraterritoriale. Du nouveau est toujours promis pour la fin de l’année.
Christine Gilguy