La 37ème Foire internationale de Bagdad, qui se tient du 1er au 4 novembre, accueillera un pavillon français, organisé par BOI (le Bureau des opérations internationales) et Ubifrance. Inauguré par Anne-Marie Idrac, la Secrétaire d’Etat chargée du Commerce extérieur, ce pavillon, qui a bénéficié du sponsorat de quatre exposants (Renault Trucks, Sanofi Aventis, Automotive Peugeot et Technip), accueillera une quarantaine d´entreprises françaises. Une présence non négligeable, mais qui témoigne d´un retour mesuré des Français en Irak.
Le dispositif public d´appui français en place, avec un
ambassadeur, Boris Boillon, très impliqué dans les affaires économiques, le
service économique en Irak, et le
Centre Français des Affaires de Bagdad depuis mai dernier, les grandes entreprises françaises reviennent en Irak. Outre quelques exceptions certaines comme Lesaffre qui approvisionnent depuis longtemps l´Irak à partir de ses usines en Turquie, ou de Lafarge qui possède deux cimenteries dans le Kurdistan irakien et vient d´inaugurer une troisième à Kerbala, peu avait osé aller en Irak il y a encore un an.
Désormais, toutes les grandes entreprises ont un bureau fixe à Bagdad : Lafarge, Otis, Air Liquide, Sanofi Aventis, et Alstom notamment. Et les premiers contrats sont signés. Ainsi Alstom a conclu un accord de coopération fin juillet dernier (trois projets) et le 25 octobre (réhabilitation de la centrale de Najaf).
Contre toute attente, ce n´est pas dans le pétrole que les Français ont vraiment réussi pour le moment. Fin janvier 2010, Total a obtenu une participation (18,75 %) aux côtés de l´opérateur chinois PetroChina pour développer le champ pétrolier d´Halfaya, dans le sud du pays. En effet, le groupe s´est fixé des règles d´investissement et un prix minimum par baril, alors que ses concurrents proposent souvent plus de trois fois moins. De son côté, Technip n´a obtenu qu´un contrat de service pour une nouvelle raffinerie en février 2009.
Les deux grands secteurs porteurs pour les Français actuellement sont les infrastructures et la sécurité. Même une PME comme l´auvergnate Matière, spécialisée dans le génie civil, associée en Irak à une grande famille commerçante locale, les Mussawi, parvient à trouver des contrats comme être associé à la construction d´un pont sur l´Euphrate. Le PDG, Philippe Matière affirme même réaliser 20 % de son chiffre d´affaires dans ce pays.
Profitant du retrait partiel des Américains, les entreprises françaises de sécurité commencent à engranger des contrats en Irak. Les exposants de la Foire internationale seront ainsi hébergés dans un compound sécurisé géré par les français Anticip et Sabre International qui assureront aussi les trajets jusqu´au site de la foire. La compagnie française Aigle Azur, filiale du groupe GoFast, profitera de l´occasion pour inaugurer un vol direct Paris-Bagdad le 30 octobre. Elle opèrera deux vols hebdomadaires régulièrement vers la capitale irakienne d´ici la fin de l´année. Gallice, présent à Bagdad depuis 2003, et associé à la tribu Abou Rish, s´est vu confier la sécurisation de l´entrée principale du ministère irakien des Affaires Etrangères.
Mais, dans le secteur de la sécurité, la concurrence va être féroce car les Anglo-Saxons sont implantés de longue date avec tous les contacts locaux nécessaires. Outre la sécurité, finalement la principale difficulté en Irak restent quand même le financement.
Jean-François Tournoud