Les grands groupes français du CAC 40 sont-ils passés à côté de quelque chose cette année en boudant quelque peu le pavillon France sur la foire Internationale de Bagdad (10-20 octobre), malgré son inauguration annoncée par Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur ? De fait, Alstom, qui a, pourtant, profité dans le passé de la foire pour finaliser des contrats, tout comme Lafarge, Aéroport de Paris ou Technip, étaient absents.
« Même les fidèles comme Sanofi et surtout Total ont réduit la voilure cette fois-ci », raconte un autre connaisseur de l’Irak, convaincu que ce pays est « un grand marché pour son entreprise et pour toutes les sociétés françaises ». Or leur relative sous-représentation cette année a d’autant plus été remarquée que ni les Allemands, ni les Italiens n’avaient de stands collectif nationaux cette année, laissant un boulevard de marketing et de communication aux firmes tricolores.
« J’ai pris des rendez-vous avec plusieurs ministères qui étaient représentés à la Foire de Bagdad cette année», a confié à la Lettre confidentielle le cadre d’une entreprise qui mettait pour la première fois les pieds en Irak en exposant sur le Pavillon France. Pétrole, transports, communication et bien d’autres ministères irakien bénéficiaient, en effet, d’un stand. « Et le fait que nous disposions d’un grand stand collectif, organisé par une agence publique, en l’occurrence Ubifrance, avec BOI, une société privée qui connaît de longue date le marché et que la ministre Nicole Bricq se soit déplacée a été un aimant extraordinaire pourtous ces ministères, qui n’ont pas hésité à venir sur notre Pavillon », confirme de son côté un familier de cette grande messe annuelle.
Cette relative désaffectation résulterait d’un arbitrage : les grandes entreprises auraient préféré participer à la mission d’entreprises prévue en novembre prochain par le Medef. Quant aux problèmes de sécurité, très lourds à gérer en Irak, ils se poseraient surtout pour les PME. « Bien des PME hésitent en raison de l’insécurité», confirme un autre spécialiste de ce marché. Et du surcoût qu’elle entraîne. « A moins de 50 000 dollars, vous n’avez rien pour vous protéger », lâche-t-il un peu amer. L’interlocuteur de la LC a interpellé Ubifrance et BOI, « mais que peuvent-ils ? », reconnaît-il. « La seule solution, paraît-il, serait que les grandes entreprises acceptent d’aider les plus petites, sous forme de sponsoring, mais encore faut-il qu’elles acceptent elles-mêmes de venir à la foire », constate-t-il encore, un peu amer.
François Pargny