Dans le Top 10 des métropoles mondiales attractives vis à vis des investisseurs étrangers, Paris gagne quatre places sur 2013, mais l’écart se creuse en faveur de Londres, numéro un devant Shanghai et la capitale française, tels sont les principaux enseignements de la 3e édition de « L’Observatoire des investissements internationaux », présentée, le 3 mars, par KPMG et l’association privée Paris-Ile de France Capitale économique.
Cette étude mesure le nombre d’investissements « greenfield », c’est-à dire les créations ou extensions d’activités générant des emplois, dans les 25 principales métropoles mondiales : Paris, Londres, Barcelone, Madrid, Moscou, Francfort, Amsterdam, Istanbul, Mumbai, Tokyo, Séoul, Shanghai, Hong-Kong, Pékin, New York, San Francisco, São Paulo, Düsseldorf, Varsovie, Dublin, Bangalore, New Delhi, Sydney, Toronto et Abu Dhabi.
L’an dernier, Paris a fait mieux que des villes comme São Paulo, Hong Kong ou New York, « mais si les investissements internationaux y ont augmenté de 40 % en un an, nous ne sommes pas, avec 170 investissements, revenus au niveau d’avant la crise, avec 200 investissements en 2007 », tempère Pierre Simon (notre photo), à la tête de Paris-Ile de France Capitale économique, association créée il y a vingt ans par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP).
Londres est une ville offshore
« Vraisemblablement, Paris a profité du redressement de la situation économique en Europe pour redevenir la porte d’entrée de l’Europe continentale. Les investissements y reviennent en priorité, tout comme en Allemagne, mais dans cet État fédéral l’investissement est plus éparpillé. Cependant, globalement en Europe, Londres reste la grande gagnante, car elle possède des avantages que n’ont pas ses concurrentes », juge Pierre Simon.
« Outre le fait qu’historiquement la capitale du Royaume-Uni est la porte d’entrée des investissements en provenance des États-Unis, explique Chiara Corazza, directeur de Paris-Ile de France Capitale économique, les Turcs, les Russes ou les Indiens, parfois qui y ont été éduqués, qui parlent la langue, qui y ont leurs banques ou leurs avocats, se sentent chez eux, tandis que Paris reste une cité européenne ou São Paulo une métropole brésilienne ». L’atout de la langue, l’organisation des Jeux Olympiques, comme celle de l’Exposition universelle dans le cas de Shanghai, sont aussi des aimants pour les opérateurs internationaux.
« Paris possède la diversité, mais il faut demeurer vigilant », assure Pierre Simon, qui note que si dans la mode, secteur d’excellence de la France, « tous les créateurs se rendent dans le grand centre mondial qu’est Paris », la « plus grande école du monde » dans ce domaine est Central Saint Martins, à Londres.
Paris doit améliorer son attractivité en Asie
Bonne nouvelle, toutefois, pour la capitale française, remarque Nicolas Beaudoin, associé chez KPMG, « les investisseurs américains reviennent, notamment dans la communication et les nouvelles technologies ». Grâce à une hausse de 8 points, l’Amérique du Nord y a représenté en 2014 36 % des investissements, l’Europe restant, toutefois, majoritaire avec 51 %. La part de l’Asie reste faible, avec 9 %. Or, « c’est là que s’exerce aujourd’hui la concurrence et que nous devons progresser », convient Pierre Simon.
En Asie, comme métropole d’accueil des investissements internationaux, Shanghai s’est imposé. « On pensait que Pékin pouvait émerger. Ce n’est pas le cas, la capitale chinoise restant stable en neuvième position, alors que Hong Kong est rétrogradé au cinquième rang mondial, derrière Sao Paulo, qui a gagné une place », détaille Nicolas Beaudoin.
Élément encourageant pour Paris, sa progression résulte largement de celle très forte des investissements dits stratégiques. D’après l’Observatoire 2015, la capitale retrouve son niveau d’il y a six ans, avec 107 investissements, se plaçant là encore en troisième position, derrière Londres (212) et Shanghai (143). Londres a fait la loi pour les directions de vente et marketing (168 investissements), Shanghai et Paris étant largement distancées (avec respectivement 90 et 63 investissements), mais, pour les quartiers généraux, la capitale tricolore a fait presque jeu égal avec son homologue britannique (avec 31 contre 32 investissements). Pour les centres de recherche et surtout de design, de développement et de formation, c’est Shanghai qui est en haut du podium.
Pierre Simon se félicite que tous les territoires aient adopté la marque Paris, avec, par exemple, Paris La Défense, Paris Saclay ou Paris Roissy. A cet égard, l’ancien président de la CCIP (2005-2010) soutient que le Grand Paris « ne peut être limité à un département » et « n’aurait pas de sens sans Saclay ou Roissy ». Selon lui, « le Grand Paris, c’est aussi l’occasion de montrer à l’étranger que Paris bouge ».
François Pargny