Des PME exportatrices, un environnement des affaires favorable au secteur privé et une quête permanente de l’innovation. Telles sont les clés du succès d’un pays « qui fonctionne ». Le retour de la croissance économique ouvre de nouvelles possibilités d’affaires et suscite un regain d’intérêt pour le marché helvétique. Les Français ont des atouts, pas toujours connus, pour réussir.
« ça joue. » En Suisse, lorsqu’un train a quelques minutes de retard, le conducteur présente immédiatement des excuses aux passagers par haut-parleur. Et lorsque le train s’arrête en gare, le message est réitéré. Pour le visiteur étranger, surtout celui qui vient de France, cela reste une surprise dans ce pays qui dispose d’un réseau ferroviaire d’une qualité exceptionnelle. On peut aisément planifier ses rendez-vous dans la journée, dans plusieurs villes.
Le pays et son économie sont à l’image des trains. « Ça joue », dit-on en Suisse romande pour évoquer ce bon fonctionnement. À Genève, Zurich ou Bâle, la Suisse apparaît comme étant une grande mécanique qui fonctionne avec précision, telles ces montres qui ont fait sa réputation et demeurent un secteur clé de l’économie. Le fait nouveau est le retour de la croissance économique après plusieurs années médiocres.
Dans son étude économique récente sur la Suisse, publiée en novembre 2007, l‘OCDE souligne que « la croissance a été supérieure à celle de la zone euro ces trois dernières années, après avoir été inférieure tout au long de la décennie précédente ». En 2006, la reprise s’est accélérée avec une hausse du PIB de 3,6 % et les experts du château de la Muette tablent sur une progression de 2 % en 2007 et 2008. L‘impact des turbulences financières aux États-Unis pourrait se faire sentir en raison du poids du secteur financier.
« L’économie suisse a bénéficié à plein de la reprise mondiale, grâce à une remarquable ouverture sur le commerce international », explique Alain Galliano, chef de la Mission économique à Berne. L’OCDE montre que le dynamisme de l’économie mondiale « a contribué à une forte expansion des activités manufacturières suisses ». Deux secteurs ont particulièrement profité de la reprise : les produits pharmaceutiques et les instruments de précision.
Comme en Allemagne, le tissu industriel est très spécialisé. « Il ne s’agit pas seulement des grandes multinationales bien connues comme celles de la pharmacie, par exemple, mais aussi d’un important tissu de PME à l’allemande : plutôt moyennes, solides, exportatrices, situées sur des niches porteuses, innovatrices et leaders sur leurs marchés respectifs », souligne Alain Galliano.
Au plan économique, la Suisse possède tous les ingrédients pour continuer à se développer. Les entreprises peuvent s’appuyer sur la qualité des universités, un important effort de recherche- développement, la productivité de la main-d’oeuvre, l’existence de financements et un environnement des affaires très favorable. Ce contexte génère de réelles possibilités d’affaires pour les entreprises françaises. « Le regain d’intérêt est perceptible depuis 2006. Nous sommes davantage sollicités, notamment pour participer à des journées d’information en France », indique Romain Duriez, directeur de la Chambre France-Suisse pour le commerce et l’industrie (CFSCI).
Les entreprises françaises ne sont pas en terrain inconnu en Suisse. Un peu plus d’un tiers des PME françaises exportatrices, soit 35 000, vendent en Suisse : c’est le premier pays de destination des PME en nombre ! Sur place, plus de 500 entreprises tricolores sont présentes et la France se classe au troisième rang des investisseurs étrangers. Reste qu’à la Mission économique à Berne, on constate une plus grande réactivité des concurrents allemands et italiens.
En 2004, l‘Italie est passée devant la France qui rétrogradé de la deuxième à la troisième place dans le classement des fournisseurs. « Le gisement d’affaires se situe en Suisse alémanique qui représente un important potentiel pour les entreprises. Notre effort doit désormais porter en priorité sur cette zone », recommande Alain Galliano. Elle représente 71 % de la population et 73 % du revenu national. Zurich est la capitale économique et financière du pays : 40 des 100 plus grandes sociétés y ont leur siège.
La part de marché française en Suisse alémanique est de 8 % contre 25 % en Suisse romande (25 % de la population et 23 % du revenu national). Il y a donc une belle marge de progression. Notre enquête montre que la Suisse alémanique recèle de vrais opportunités d’affaires. Et que les Français, bien que souvent « attendus », ne sont pas toujours suffisamment présents !
Marché mature, la Suisse est un pays où il faut apporter des solutions innovantes pour se différencier des concurrents et réussir. La diversité des possibilités d’affaires surprend et concerne des secteurs parfois inattendus comme la sous-traitance. « Beaucoup de sous-traitants français ont été délaissés au profit des pays d’Europe centrale et de l’Asie. Mais les donneurs d’ordres suisses ont eu des problèmes en matière de qualité et de respect des délais.
Pour les pièces techniques, il y a une demande pour des prestataires européens et les entreprises françaises sont réputées », explique Fabrice Bernard, délégué en Suisse alémanique de la Chambre France-Suisse pour le commerce et l’industrie (CFSCI). Un exemple parmi bien d’autres du potentiel du marché suisse.
Une enquête de Daniel Solano