Si l´innovation peut clairement constituer un facteur d´internationalisation, que dire du phénomène inverse ? Une implantation à l´étranger a-t-elle un impact sur les capacités d´innovation d´une entreprise ? C´est la question sur laquelle s´est penché la Centre d´analyse stratégique (CAS) dans sa « note d´analyse » du mois d´octobre.
Menée à partir d´un échantillon de 2 349 PME et ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) de l´industrie manufacturière française, cette étude se concentre sur l´analyse des caractéristiques des entreprises s´engageant pour la première fois dans une démarche d´innovation. En les comparant avec des entreprises non-innovantes, les analystes du CAS mettent en exergue l´importance du degré d´intégration des entreprises, l´implantation à l´étranger constituant « une stratégie efficace pour les entreprises souhaitant mettre en œuvre une démarche innovante ».
Encore faut-il dissocier deux types d´implantation : celle qui vise à trouver des moyens de production à bas coût (asset exploiting strategy) et celle qui cherche à obtenir l´accès à des savoirs spécifiques (asset seeking strategy). C´est dans ce dernier cas que l´innovation émerge, l´entreprise et sa filiale bénéficiant toutes les deux de la complémentarité de leurs actifs.
Pour illustrer son propos, l´étude du CAS cite le cas d´Hologram Industries* une PME concevant des hologrammes pour les documents sécurisés. En 2006, elle s´implante en Allemagne. Et c´est cette nouvelle filiale, et non les services de R&D en France, qui mettre au point une nouvelle technologie, baptisée HoloID et permettant d´inclure la photographie du détenteur d´un document dans l´hologramme qui le sécurise.
Les analyses du CAS trouvent deux explications au facteur d´accélération que constitue une implantation à l´étranger. D´une part, « la plus forte exposition à la concurrence étrangère peut accélérer le besoin de renouvellement de la gamme de produits ». Et, d´autre part, « le contact plus étroit avec les clients étrangers permet de développer des produits adaptés à la demande locale ».
L´internationalisation d´une entreprise renforce donc ses capacités d´innovation. Et réciproquement l´innovation tire les entreprises à l´international. Ce double lien de causalité incite, selon le CAS, à « concevoir de manière intégrée les politiques d´aide à l´internationalisation et d´aide à l´innovation ». Ainsi, si le CAS se félicite de la montée en puissance d´Oséo sur le volet international, il appelle à « la coordination des réseaux régionaux d´Oséo et des réseaux internationaux d´Ubifrance », une démarche qui permettrait de faire un pas vers cette intégration.
Sophie Creusillet
* La note d´analyse du Centre d´analyse stratégique cite la rubrique « PME à l´international » que le Moci a consacré à Hologram Industries et que vous pouvez retrouver en suivant ce lien.